C’est une vision noire de l’état de l’Europe et du Monde que Bernard-Henri Lévy a livré dimanche sur Europe 1 . Et l’écrivain soutient sans nuance le discours d’Emmanuel Macron tenu jeudi dernier à Quimper. Il y a bien une « lèpre » qui monte, un mot « bien choisi » selon lui pour décrire cette force brune qui se développe en Europe, synonyme de souverainisme, d’antisémitisme, de racisme. « Il y a comme dans les années 30 déjà, deux conceptions de l’Europe, celle des démocrates contre celle des dictatures » juge-t-il. Se plaçant du côté de la société ouverte, de la mondialisation, l’éditorialiste du « Point » se veut alarmiste : « Nous traversons un âge sombre planétaire. Jamais depuis que je suis en âge de juger de l’état du monde, le conflit de civilisation n’a été aussi fort. Même pendant la guerre froide, le communisme était alors sclérosé »

BHL refuse toute explication des vagues actuelles de populisme car « commencer à les expliquer, c’est les excuser. » D’autant qu’à l’écouter, il n’y a pas de crise des migrants, « le solde migratoire est à peu près à zéro. » Et par ailleurs les Européens ont un devoir moral d’assistance et d’hospitalité inconditionnel. « On assiste à une fatigue démocratique chez un grand nombre de nos patriotes européens. Je crois que c’est un affaiblissement spirituel » martèle-t-il.

Sanctions

L’Europe donc est bord de l’explosion « mais ce n’est pas inéluctable », tirant son chapeau au passage à Macron et Merkel dont le désir d’Europe est « un grand mérite ». Il soutient aussi le président français quand il demande des sanctions contre les quatre pays du « Visegrad » qui ont refusé de participer dimanche au mini-sommet européen sur l’immigration. « La Pologne est le plus bénéficiaire des mécanismes de l’Europe, il y a des moyens de pression. » L’Union européenne sera d’autant plus affaiblie pour BHL si le Royaume-Uni ne renonce pas à au Brexit : « le moteur de l’Europe c’est le libéralisme anglais ».

Bernard-Henri Lévy s’inquiète aussi du délitement de l’Occident. « Le fossé entre les Etats-Unis et l’Europe est aussi inquiétant que le fossé à l’intérieur de l’Europe. Je crains que Trump ne soit pas un accident de l’histoire. Il y a une continuité entre Obama et Trump sur le désamarrage américain de l’Europe. » Interrogé sur le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’écrivain assure par ailleurs que la Turquie n’est plus un allié et n’a plus sa place dans l’Otan.

Enfin, Bernard-Henri Lévy juge que le bilan de la première année de Macron est globalement bon. « J’ai voté pour lui et je ne le regrette pas, il est en train de sauver les systèmes de solidarité du pays, il sauve le service public de la SNCF »


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