Le

1981-1987

L’année suivante, en 1981, paraît chez Grasset L’Idéologie Française. Ce livre dénonce le “fascisme aux couleurs de la France”. Il devient très vite un objet de polémique dans les grands hebdomadaires et quotidiens, ainsi que dans certaines revues comme Esprit. Raymond Aron s’indigne que l’auteur puisse, par ses écrits, « mettre en péril » (sic) la communauté juive… Lévy est défendu, en revanche, par Jean-Toussaint Desanti, Jorge Semprun, Jean-François Revel et, à nouveau, Philippe Sollers.

En septembre de la même année, Bernard-Henri Lévy part en Afghanistan avec Marek Halter et Renzo Rossellini pour remettre aux résistants Afghans du Commandant Massoud trois postes émetteurs de radio achetés avec les fonds recueillis par une collecte publique et européenne. Ainsi naît Radio Kaboul Libre. Le « Carnet de route » de ce voyage dans l’Afghanistan occupé et dévasté par l’armée soviétique est publié dans Le Nouvel Observateur.

En octobre 1982 , Bernard-Henri Lévy devient éditorialiste du quotidien Le Matin. Il y tient son premier “bloc-notes” hebdomadaire dont le recueil paraîtra aux Éditions Denoël sous le titre Questions de Principe. Il défend Israël face à un antisionisme revivifié par la guerre du Liban.

Il publie, à propos du syndicat Solidarnosc et de sa résistance à l’ordre soviétique, un retentissant « Nous sommes tous des catholiques polonais» qui fait écho au « Nous sommes tous des juifs allemands » des amis de Dany Cohn-Bendit en 1968. Plus que jamais critique, enfin, à l’endroit au stalinisme, du marxisme et de tous leurs résidus dans le paysage idéologique français, il mène, dans les colonnes du Matin, et au grand dam de François Mitterrand, la révolte contre ce qu’il appelle la « vieille gauche » et, notamment, le « Programme Commun ».

C’est également en 1982 qu’il rencontre Joëlle Habert, son assistante et principale collaboratrice.

En 1984, le philosophe délaisse provisoirement l’essai pour publier, toujours chez Grasset, son premier roman, Le Diable en tête qui, soutenu par Alain Robbe-Grillet, Marthe Robert et Claude Mauriac, obtient le Prix Médicis. Il poursuit là l’« enquête sur le Mal » commencée dans ses livres de philosophie.

Bernard-Henri Lévy parraine, avec Simone Signoret et Coluche, le mouvement SOS Racisme fondé par Julien Dray et Harlem Désir.

En 1985, un voyage en Orient le conduit vers sept métropoles asiatiques et aboutit à un nouveau livre, Impressions d’Asie (Le Chêne/Grasset), enrichi de photographies signées Guy Bouchet. En novembre, de la même année, associé à Georges-Marc Bénamou et bientôt rejoint par Pierre Bergé, il participe à la création du magazine Globe où il tient un bloc-notes mensuel.

En 1986, il effectue un voyage en Ethiopie où le « Negus Rouge », Mengistu, organise de gigantesques et meurtriers déplacements de population forcés. De ce séjour, ainsi qu’un séjour dans les provinces en guerre d’Erythrée et du Tigré, il rapporte un grand reportage (« Les camions venus d’Europe arrivent en Illubabor bourrés de bétail humain », L’Evénement du jeudi, 25 septembre 1986) dans lequel il met en cause les effets pervers d’une aide humanitaire qui, lorsqu’elle est aveugle et déliée de toute considération politique, accélère la barbarie. La publication de ce reportage provoque un vif débat au sein d’Action Internationale contre la Faim. Mis en minorité, il quitte, avec Gilles Hertzog et quelques autres, l’association qu’il a fondée.

Parution de Questions de Principe II (Le Livre de Poche) qui rassemble des articles et essais parus dans la presse française et internationale.

En 1987, Bernard-Henri Lévy publie l’Eloge des Intellectuels. Il y interroge le rôle des intellectuels au vingtième siècle. À l’intellectuel engagé traditionnel (né avec l’Affaire Dreyfus), il oppose un « intellectuel du troisième type » (dont « la présence » dans la « cité moderne » est, dit-il, une « clé de la démocratie »).


Autres contenus sur ces thèmes