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Alain Delon

Par Liliane Lazar

Alain Delon est l’acteur principal du film de BHL, Le Jour et la Nuit, en 1997. De cette collaboration est née un respect mutuel et une amitié.

Alain Delon dans le film de BHL, « Le Jour et la Nuit », en 1997.
Alain Delon dans le film de BHL, « Le Jour et la Nuit », en 1997.

Alain Delon et Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy et Alain Delon se rencontrent à l’Ile Maurice en janvier 1995. BHL, qui a un projet de film et qui, jusque-là pensait en confier le premier rôle à Michel Piccoli, le propose à Alain Delon qui l’accepte. Le film, Le Jour et la Nuit, sera tourné, au Mexique en avril, mai et juin 1996. Le tournage se passera plutôt bien, sans accrochage majeur entre Alain Delon et Bernard-Henri Lévy.

Une seule fois, à l’instant de tourner la scène du match de boxe où son personnage, Alexandre, est censé être mis KO par le jeune et fluet Xavier Beauvois, Alain Delon tentera d’intervenir sur le scénario et, même, de réécrire la scène au motif que le producteur des grands matchs de Monzon ne pouvait pas se faire battre, comme il était écrit, par un « gringalet ». Bernard-Henri Lévy fera valoir ses arguments. Il expliquera, lors d’une longue et orageuse explication dont se souviennent les autres protagonistes et techniciens, pourquoi la scène était, dans cette forme, indispensable à l’économie de l’intrigue. Tout rentrera, alors, dans l’ordre. Et une bonne camaraderie naîtra même, en prime, entre Delon et le jeune Beauvois.

Le film sera présenté au Festival de Berlin en février de l’année suivante. Victime d’un feu roulant de critiques – on parle alors de « cabale » – le film connaît un échec retentissant. Mais sans que l’amitié entre les deux hommes, Lévy et Delon, en soit entamée pour autant. « J’avais trois maîtres, déclarera Delon, sous les huées, lors de la présentation du film, à Berlin. J’avais trois maîtres qui s’appelaient Visconti, Losey et René Clément. Eh bien voilà. J’en ai désormais un quatrième. Et c’est l’homme qui est assis, là, aujourd’hui, près de moi ».

Bernard-Henri Lévy et Alain Delon restent proches. Ils n’ont cessé de répondre « présent » chaque fois que l’autre en avait besoin.

Bernard-Henri Lévy à propos d’Alain Delon

De ce prodige qui dure, de cette grâce qui lui fut donnée et qui, au fil des décennies, ne l’a jamais quitté, je ne vois pas d’équivalent dans l’histoire du cinéma. James Dean, peut-être ? Mais James Dean avait la mort dans son jeu, avec l’ample mythologie qu’elle engendre. Delon, lui, n’a pas eu besoin d’un destin fatal pour produire son propre mythe.

1996, dossier de presse du Jour et la Nuit, repris dans Récidives, Grasset, 2004, p. 136.

Delon. Mes vrais rapports avec Delon. Leur violence extrême. Leur tension. Pas le conte de fées sirupeux que nous avons lui et moi – moi d’abord et lui, ensuite, par loyauté – tenté d’accréditer. Son intelligence des situations. Son goût de la stratégie. Les conneries qu’on m’avait dites sur le côté « animal » du personnage alors que j’avais affaire à l’un des joueurs d’échecs les plus redoutables de la place.

Comédie, Grasset, 1997.

Delon. Comment peut-on, en une vie, avoir donné vie à tant de chefs-d’œuvre ?

Le Point, bloc-notes, 11 juillet 2003.

Quand le film que nous avons fait ensemble s’est planté, il a été d’une loyauté impeccable. C’est rare. Je connais des tas d’autres acteurs qui, dans une circonstance semblable, prennent leurs jambes à leur cou. Lui, au contraire, est resté. Il n’a varié ni sur les raisons qu’il avait eues de participer à l’aventure ni sur ce qu’il pensait du film lui-même.

2009, entretien avec Olivier Zahm, dans Purple Magazine.

Alain Delon à propos de Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy, son talent, son charme, sa persuasion, son scénario, ont été plus forts que mes réticences actuelles à faire du cinéma.

Le Point, 1er février 1997, propos recueillis par Michel Pascal.

Les colères dont on a parlé étaient destinées à le préserver plus des techniciens que de moi. Je voulais qu’il reste le patron de son film. Et je rends hommage à son talent de directeur d’acteur qui m’a permis de jouer beaucoup mieux, sans doute, que dans certains films que j’ai pu faire ces dernières années.

Idem.

Ma rencontre avec Bernard-Henri Lévy fut un événement heureux, comme le fut, en 1989, celle avec Godard pour Nouvelle Vague.

Idem.

Pour moi, Bernard-Henri Lévy c’était la Bosnie ! Son engagement, ses voyages, ses interventions, son courage… Parce que j’ai été un soldat, je sais ce que cela représente.

Propos recueillis par Frédéric Musso, Paris Match, 6 février 1997.

Bernard est pratiquement le premier intellectuel de gauche auquel je me sois à ce point intéressé. Le seul intellectuel que j’aie connu et beaucoup aimé dans ma vie, c’est Jean Cau qui était, par essence, de droite.

Idem.

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