Une Lolita avant Lolita ? Mais oui. Dans La Règle du jeu. Traduite et présentée par Laurent Dispot. C’est comme Le livre de Monelle (1894), dont Marcel Schwob a toujours pensé – et cette seule idée mettait Gide en fureur – que les Nourritures (1897) s’étaient éhontément inspirées.

Un jeune juif poignardé à Anvers. Vlaams Blok et recrudescence de l’antisémitisme d’extrême droite ? Voyous de banlieue et antisémitisme d’origine islamiste ?

Le nez, non de Cléopâtre, mais de Lolita. L’autre. Celle dont Jacques Body, dans sa monumentale biographie de Giraudoux (Gallimard), montre qu’elle a, en se refusant à lui, secrètement décidé du destin – érotique ? littéraire ? – de l’auteur de Pleins pouvoirs.

Substituer l’expérience à l’utopie. Le pessimisme à tous les progressismes.

Les scènes de ménage métaphysiques de Leiris et Bataille. Les chassés-croisés du Collège de sociologie et du groupe antifasciste Contre-Attaque. Colette Peignot. Marcel Moré. L’écho, enfin, de ma propre conversation avec Leiris, il y a quinze ans, où il s’était gentiment moqué de la « puérilité » de l’auteur de Madame Edwarda. Tout cela, dans Échanges et correspondances, chez Gallimard, reçu ce matin et aussitôt dévoré.

Dernière image de Marie-Claire Mendès France. Ses traits aigus d’oiseau pâle, un soir, dans une manifestation pour la paix au Proche-Orient.

De l’influence secrète de Schwob sur l’Artaud d’Héliogabale, le Borges de l’Histoire secrète de l’infamie – mais aussi, et c’est moins connu, le Leiris d’Aurora.

Dans le même Giraudoux de Body, ce titre d’un article du futur commissaire général à l’Information des années 1939-1940 : « Écrivain journaliste ». Puis cette phrase dont je m’avise, non sans malaise, que j’aurais presque pu l’endosser : « l’écrivain doit devenir un élément toujours présent, mobilisable chaque jour, un ouvrier de toute heure, un journalier, un journaliste ».

La force de ne vouloir plaire à personne. La souveraineté que donne l’absence du désir de séduire.

Giraudoux, donc, par Body. Blanchot par Bident. Le Michaux, encore, de Jean-Pierre Martin. Chaque fois, manque la force qui tenait tous les moments de la vie ensemble. Toujours, fait irrémédiablement défaut l’invisible magnétisme qui agglomérait les biographèmes, leur donnait leur poids spécifique, leur sens ou, souvent, leur non-sens. Restent des moments épars qui sont comme des mirages, des vieux textes qui s’effacent à la lumière trop crue du jour, des palimpsestes, des bouts de momies.

Ce ministre, dont on sent qu’il a encore le choix, comme le héros des « Oiseaux vont mourir au Pérou », entre « le genre aventurier » et « le style distingué ».

Que fera-t-il ? Où penchera-t-il ? L’une des vraies questions politiques du moment.

Une idée simple pour réformer l’ONU. Aux Etats terroristes, génocidaires, voyous, infliger le même type de traitement que, dans la vie, à un grand criminel. Suspenion des droits civiques. Interdiction provisoire du droit et du pouvoir de décider, comme n’importe quel Etat normal, de la marche de la planète.

Schwob toujours. Ses Vies imaginaires. Et Gilles Hertzog, rédacteur en chef de la revue La Règle du jeu (cf. Dispot, exhumation de la Lolita de von Lichberg, etc., etc.) qui, au lieu d’Empédocle, Lucrèce, Pétrone, Uccelo ou Cecco Angiolieri, met en scène, lui, le duel de Titien et de Michel-Ange. Le siècle ou le ciel. Le salut en ce monde ou le pari sur l’autre temps. Les deux choix. Les deux voies. Les ruses de la gloire et de son histoire. Lambron, Nourissier, l’ont dit mieux que je ne saurais le faire s’agissant d’un ami – et quel ami ! Dans ce face-à-face où tout est vrai et tout, néanmoins, imaginé, dans ce Séjour des dieux qui est, d’abord, un très beau roman, c’est l’éternel dilemme qui se joue – celui des écrivains qui n’ont, au fond d’eux-mêmes, jamais renoncé à rien.

Quand on dit de la philosophie qu’elle n’a pas d’histoire, que dit-on ? Que rien ne lui arrive ? Ou que rien de ce qui arrive n’échappe à son enveloppement ?

Issue du Washington Institute for Near East Policy, la première description concrète du fameux mur de séparation entre Israël et Palestine. Où l’on découvre que ce sont 12,5 % du territoire cisjordanien – et 1 % de sa population – qui tomberaient du côté israélien. C’est beaucoup. C’est trop. Mais on est loin du mur de la honte censé, à en croire la propagande, enfermer les Palestiniens, les déposséder de leurs droits nationaux.

Tous ces gens qui, aux obsèques de X, viennent juste constater, mutuellement, leur existence.

Prémices de la rentrée littéraire. Premiers colis de romans. Cette drôle d’idée, désormais, qu’écrire est un droit de l’homme.

Ray Bradbury n’est pas content. Il n’aime pas l’usage que fait Michael Moore de son Fahrenheit 451. Sauf qu’il ne fait pas de procès. Il dit juste – et c’est magnifique : « je veux contraindre ce Monsieur à se conduire en gentleman ».


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