« 19 décembre 1967. Je n’étais pas encore normalien. J’étais juste en khâgne. […] Sortir avec un mannequin qui faisait la couverture des Purple de l’époque, était une provocation. J’assumais cet écart. J’ai toujours, toute ma vie, aimé assumer l’écart. Mais, là, plus que jamais. Cela étant dit, je corrige. La provocation n’était que relative. Car la réalité c’est que, avant d’être mannequin, elle était la dernière femme surréaliste, la petite cousine de Nancy Cunard, ou de Denise Levy, ou de Gala, la femme de Dalí. C’était une femme de cette trempe-là. On l’aurait dite sortie d’un cadre de Man Ray. Un personnage à la fois lumineux et tourmenté, d’une extrême beauté, fantasque, irrégulière, ne se reconnaissant aucune loi, aucun maître, considérant qu’elle faisait partie des êtres qui avaient le droit de définir leur propre morale et de n’être jugés que par rapport à elle, refusant donc absolument le jugement de la société […]. J’ai rencontré peu de femmes aussi belles, aussi fantasques, aussi courageuses qu’Isabelle Doutreluigne. »
Bernard-Henri Lévy, Purple Magazine, propos recueillis par Olivier Zahm en novembre 2008.