Des différents ouvrages consacrés à Sartre qui paraissent en ce vingtième anniversaire de sa mort, le plus ambitieux est sans aucun doute Le siècle de Sartre de Bernard-Henri Lévy (Grasset). Ce gros livre qui tient tout à la fois de la biographie et de l’essai – mais dans lequel B.-H.L. parle aussi beaucoup de lui – se propose « de prendre la mesure de cette aventure compliquée, paradoxale, trouble, qui porte le nom de Sartre ». S’il confesse éprouver des sentiments mêlés et s’il préfère le jeune Sartre au compagnon de route des communistes, B.-H.L. est toutefois si fasciné par son héros qu’il est prêt à beaucoup pardonner à cet « intellectuel total », cet « homme-siècle », qui « domine les débats de son époque », « s’essaye à tous les genres disponibles », « condense ou résume son temps ». Plaidant pour le romancier, injustement méprisé à ses yeux, B.-H.L. estime notamment que Les chemins de la liberté sont « une des entreprises littéraires les plus novatrices du XXe siècle ». La philosophie de Sartre, que B.-H.L. reconstruit à sa convenance, devient quant à elle une auberge espagnole : d’abord promu au rang de plus grand philosophe matérialiste du siècle et d’antihumaniste à l’origine de toute la modernité philosophique, l’auteur de L’être et le néant aurait fini par découvrir sa morale dans le messianisme juif.


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