Écrivain et philosophe, Bernard-Henri Lévy est également romancier, cinéaste et dramaturge. Il est l’auteur de 47 livres.

Né en 1948 à Beni Saf, BHL fait partie des initiateurs du mouvement des « Nouveaux philosophes », dont il demeure la figure emblématique. Intellectuel engagé, il est connu notamment pour son combat contre les autoritarismes et pour la défense du « devoir d’ingérence ». 

Éditorialiste pour de nombreux journaux français et internationaux, il préside le conseil de surveillance d’Arte. Également éditeur, il dirige la revue La Règle du jeu et la collection « Figures » chez Grasset. 

Origines

Les Lévy descendent d’une famille juive de Beni Saf, en Algérie, où Bernard-Henri Lévy a vu le jour, le 5 novembre 1948. Son père, André Lévy est un important entrepreneur, d’abord installé à Casablanca. Avec sa sœur Véronique et son frère Philippe, Bernard-Henri Lévy a grandi à Neuilly où sa mère, Dina Siboni, lui a transmis sa passion de la lecture.

A vingt ans, il s’échappe de l’École Normale pour un voyage initiatique au Mexique avec Isabelle Doutreluigne, qu’il épouse à leur retour, avant la naissance de leur fille, Justine. Il aura ensuite un fils, Antonin, de son union avec Sylvie Lévy. Il épouse Arielle Dombasle en 1993.

Les débuts d’une vie de combats

À l’École Normale Supérieure, il a été un élève brillant, reçu huitième à l’agrégation de philosophie. Il enseigne un temps l’épistémologie et la philosophie, mais c’est une autre voie qu’il convoite.

En 1971, Bernard-Henri Lévy s’était retrouvé seul membre de ces Brigades internationales qu’André Malraux venait d’appeler de ses vœux, à la télévision, pour libérer le Bengale de son oppresseur pakistanais. Le jeune philosophe part pour « observer la guerre, l’éprouver », écrira-t-il à son retour, dans les marais de Chittagong, puis à Dacca, avec pour tout viatique la recommandation du « caïman » de l’École Normale, le philosophe Louis Althusser. Un livre paraît en 1973. Bangladesh : nationalisme dans la révolution – qui sera réédité en 1985, sous le titre Les Indes rouges. Bernard-Henri Lévy donne là le départ de ses « guerres d’Espagne » intimes. 

Il continue, depuis 50 ans, à aller au plus près des « guerres oubliées », ces conflits de fortune, souvent à l’écart, tellement déséquilibrés entre les armes du fort et celles du faible. Il y consacre une bonne part de son œuvre, par le livre ou par le film, reportages et réflexion en mouvement, que reproduisent aussi des journaux européens et anglo-saxons. 

Il n’y a toujours à peu près personne pour répondre aux appels qu’André Malraux ne lance plus depuis longtemps, et que Bernard-Henri Lévy paraît être le seul à entendre. Darfour, Ukraine, Nigeria, Kurdistan… 

La Nouvelle philosophie

Bernard-Henri Lévy se retrouve bien vite à la tête d’une génération de jeunes philosophes, au côté d’André Glucksmann, qui bousculent la scène intellectuelle. Il incarne alors ce courant de pensée antitotalitaire. 

En 1977, Bernard-Henri Lévy publie La Barbarie à visage humain, puis Le Testament de Dieu deux ans plus tard. Des œuvres qui explorent le parallèle entre nazisme et marxisme, à la recherche de la source du totalitarisme. Emmanuel Levinas et Roland Barthes ont salué ces deux premiers essais de Bernard-Henri Lévy. 

Œuvres

BHL s’est vite intéressé à l’ancrage philosophique du fascisme. Philippe Sollers reconnaîtra du mérite à son exploration philosophique et historique du fascisme tricolore dans L’Idéologie française : « c’est un livre clé qui a fait tomber bien des tabous, et qui reste pleinement d’actualité ». La publication de ce livre engendra, en effet, un débat passionné au sein de l’intelligentsia en France, suscitant de vives polémiques et marquant une scission que l’on peut encore vérifier aujourd’hui. 

Le devoir d’ingérence prôné par Bernard-Henri Lévy entend lutter contre les abus de ce qu’il nomme la « volonté de pureté » des régimes fascistes à travers le monde, et qu’il théorise dans son livre La Pureté dangereuse (1994). Il incarne la figure de l’intellectuel engagé qui transforme son témoignage en écrits et en action politique. Salman Rushdie dira à propos de Bernard-Henri Lévy et de ce modèle qu’il symbolise : « Il faut que l’intellectuel adopte un mode de réaction rapide, s’il ne veut pas rater le train. Il vit le temps long – plusieurs années – de la recherche et de l’écriture, et celui, très bref, de l’intervention sur un débat impératif. »

Bernard-Henri Lévy réfléchit au rôle qui doit être celui d’un penseur contemporain dans son Éloge des intellectuels, mais aussi dans De la guerre en philosophie et dans sa biographie unanimement saluée par la critique de Jean-Paul Sartre. 

L’engagement de Bernard-Henri Lévy s’illustre aussi dans ses reportages, comme celui qu’il réalise aux États-Unis sur les traces de Tocqueville, American Vertigo, et dans sa correspondance avec Michel Houellebecq, Ennemis publics.

Sur le terrain

Avec Marek Halter et Françoise Giroud, entre autres, il a lancé en 1979 une ONG, l’Action internationale contre la faim, et persuadé les mêmes de militer en faveur du boycott des Jeux olympiques de Moscou. 

En 1981, il s’est rendu en Afghanistan avec Marek Halter et Renzo Rossellini pour livrer aux combattants afghans, engagés dans la lutte contre l’occupant soviétique, trois émetteurs radio.

En 2002, l’agence de presse afghane Aïna et Bernard-Henri Lévy créent Les Nouvelles de Kaboul, un mensuel afghan d’information générale qui se définit comme un « aiguillon » pour que le pays renoue avec sa tradition intellectuelle suite à la destitution des Talibans. L’ONG franco-américaine Justice for Kurds (JFK) est quant à elle co-fondée avec Thomas S. Kaplan en 2019.

Éditeur et directeur de revue 

Très vite, l’éditeur Grasset lui offre la possibilité de diriger une prestigieuse collection, toujours en activité : « Figures ».

En 1975, il lance L’Imprévu, un journal quotidien qui s’arrête après onze numéros. Mais c’est en 1990, qu’il crée sa revue, qu’il dirige, La Règle du jeu

Romancier

En 1984, Grasset, son éditeur, propose Le Diable en tête, à ses lecteurs. Le livre obtient le prix Médicis. 

Quatre ans plus tard, son roman suivant, Les derniers jours de Charles Baudelaire, est couronné par le prix Interallié. 

À propos du style de Lévy, Jorge Semprun, saluant sa « générosité d’écriture » dira : « il est beau, parfois superbe ». Comédie paraît, quant à lui,  en 1997.

Le devoir d’ingérence

Bernard-Henri Lévy a persuadé François Mitterrand de se rendre en personne à Sarajevo, le 27 juin 1992, juste avant que le siège de la ville ne se referme tout à fait sous les serres des milices serbes, pour apporter le soutien de la France au président de Bosnie-Herzégovine, Alija Izetbegovic.

Un premier film voit le jour à la fin de l’année 1992, Un jour dans la mort de Sarajevo. Des reportages de presse s’en suivent. Un autre film, Bosna !, est présenté au Festival de Cannes en 1994. Enfin, un livre-somme, récit du drame sarajévien et carnet de bord, Le Lys et la cendre, journal d’un écrivain au temps de la guerre de Bosnie, paraît en février 1996. Entre temps, l’écrivain mobilise la  diplomatie française en faveur des musulmans bosniaques, et réussit à faire venir Alija Izetbegovic à Paris. 

La même voie cinématographique et littéraire sera empruntée pour la guerre en Libye, en 2011, avec le film Le Serment de Tobrouk et un nouveau volume de son journal de guerre intitulé La Guerre sans l’aimer ; maintenant pour son soutien aux Peshmergas du Kurdistan irakien ; demain, sûrement, au côté des résistants afghans. 

Dans son film, Une autre idée du monde (2021), il s’incline toujours devant les scènes de crimes, au nom aussi de ceux qui ne sont pas là. Ses textes sont de combat, ses images accusatrices, destinées à faire honte aux indifférents, fidèles en cela à un devoir d’ingérence, à un engagement humanitaire nés dans le voisinage du gauchisme de l’après-mai 1968.

En 2022, au plus près du terrain, du front à la résistance civile, Bernard-Henri Lévy filme la guerre en Ukraine dans Pourquoi l’Ukraine, et exhorte l’Europe à agir. Une immersion poignante qui résonne comme un appel à l’aide, au nom de la démocratie. Le philosophe, engagé auprès du peuple ukrainien depuis des années avait déjà filmé la Révolution de l’EuroMaïdan, la guerre dans le Donbass, l’arrivée de Zelensky au pouvoir. L’année suivante, début 2023, BHL poursuit son combat par le biais d’un nouveau film qui reprend là s’arrêtait le précédent : Slava Ukraini. Il s’agit d’un journal de bord tenu dans la seconde moitié de l’année 2022, où tout est consigné : petits et grands événements, aléas, émotions, témoignages de vivants et deuils, chronique du front et des villes bombardées, portraits. Ainsi l’écrivain-cinéaste poursuit-il son travail de témoignage engagé au côté du peuple ukrainien. Il réalise, à l’été 2023, au moment où l’Ukraine lance une nouvelle contre-offensive, un troisième documentaire, L’Ukraine au coeur. Ce nouveau film est un film de guerre, tourné au plus près des champs de bataille. Mais c’est surtout une ode au courage de l’Ukraine, un hymne à ses héros civils et militaires, et un appel à une aide accrue de la part de l’Occident. Cette trilogie a bénéficié, par-delà les multiples diffusions en France, de tournées aux États-Unis. Ces films qui racontent la guerre contre l’Ukraine ont été projetés aux Nations Unies à New York, devant le Congrès américain à Washington, et dans des grandes métropoles comme Chicago, Los Angeles ou Philadelphie.

Avec Israël

En 1967 BHL se rend en Israël au moment de la Guerre des Six Jours. Deux ans plus tard il réalise un reportage, « Sionismes en Palestine », publié dans la revue Éléments, qui fixe un cap duquel Lévy ne déviera jamais : soutien inconditionnel à l’existence et à la sécurité d’Israël ; mais nécessité absolue, pour des raisons tant éthiques que politiques, d’un Etat palestinien souverain, aux côtés d’Israël et en paix avec lui, ce qui le conduira à participer en tant qu’Ambassadeur pour l’Europe à l’élaboration des Accords de Genève en 2003, puis en 2010 à mettre en place l’initiative JCall, plan de paix qui offre l’opportunité d’une résolution au conflit israélo-palestinien selon le principe « deux peuples, deux États ».

Il se rend également en Israël en 1973, puis en 1979, et se lie avec Menahem Begin. Il défendra plus tard Israël face à un antisionisme revivifié par la guerre du Liban.

Bernard-Henri Lévy se tient au côté d’Israël à chaque fois que le pays traverse des crises telles que le second conflit israélo-libanais en 2006, puis la crise des Scuds, ou l’Opération « Plomb durci » à Gaza où il suit les soldats de Tsahal, l’armée israélienne.

Israël est également une terre d’étude : c’est à Jérusalem, en 2000, qu’il fonde avec Benny Lévy et Alain Finkielkraut, l’Institut d’études lévinassiennes. Il reçoit par ailleurs quatre doctorats Honoris Causa en Israël, dans les universités de Jérusalem, Bar Ilan, Tel Aviv et Netanya.

En octobre 2023, lorsque le Hamas massacre des Juifs en Israël, BHL part immédiatement sur le terrain pour témoigner de l’horreur du terrorisme islamique. En mars 2024, paraît chez Grasset Solitude d’Israël, un essai dans lequel le philosophe s’interroge : que s’est-il passé le 7 octobre 2023  ? Un choc dans l’âme juive  ? Un pogrom sans précédent depuis la Shoah  ? Une étape dans la guerre mondiale menée contre les démocraties ?

S’il est présent sur le terrain, BHL n’a de cesse de « penser » Israël : le destin de l’État juif conditionne les mouvements de réflexions plus globales, lorsqu’il enquête sur la mort de Daniel Pearl (journaliste décapité parce que juif par Al-Qaïda) dans Qui a tué Daniel Pearl ?, ou qu’il s’intéresse à « L’Esprit du judaïsme » dans un ouvrage éponyme publié en 2016.