Cette semaine, mercredi 13, vous allez voir sur A2 à 22h10 la première partie des Aventures de la liberté, le film de Bernard-Henri Lévy, réalisé par Alain Ferrari. Originalité : le livre qui vient de paraître chez Grasset et porte le même titre, n’est pas le décalque du film. On y trouvera en annexe le commentaire behachélien, mais aussi des textes et des interviews originaux. De Zola à Foucault, voici quelques hommages : à Albert Camus, André Malraux, mais aussi la démonstration des « erreurs », des engouements pour les idéologies fascistes, communistes, maoïstes, terroristes.
Les intellectuels sont-ils dangereux, voire nuisibles ? « J’ai plutôt le sentiment d’avoir rendu un hommage à l’intelligence, dit Bernard-Henri Lévy, mais en précisant que la vérité ne sort pas toute armée de la tête des intellectuels. Il faut essayer de ne pas être manichéen. En revanche j’admets tout à fait que mes choix sont subjectifs. Certains personnages m’intéressent davantage. Je voudrais savoir pourquoi l’écrivain Drieu la Rochelle, dont l’engagement fasciste fut brutal et total, a bénéficié de l’indulgence de ses amis de l’autre bord. Cela dit, je ne cache que, face à ces deux idéologies qui me font horreur, le fascisme et le communisme, j’ai plus de “compréhension” pour les staliniens que pour les collabos. Aujourd’hui, ce qui me frappe, c’est un certain retour de la vieille haine de l’Europe, de l’Occident. L’Europe, ce fut Auschwitz, et bien sûr, le goulag. C’est, aujourd’hui encore, ces gouvernements fous, irresponsables, qui arment les dictateurs – à commencer par Saddam Hussein. Mais, c’est, aussi, la démocratie. C’est aussi les Droits de l’homme. Ce qui rend l’Europe aimable, c’est sa propension à se penser elle-même et à penser contre soi-même. » Le courage de penser, comme exercice quotidien, mental, et parfois physique (dans ses conséquences cruelles), on verra que certains en étaient pourvus et d’autres pas. Constatation : peu de femmes dans ces Aventures ! « Le féminisme fut un grand combat et je suis, bien entendu, inconditionnellement partisan de ce qu’on appelait jadis l’égalité des sexes. Il serait malhonnête, cela dit, de faire comme si ce combat avait bouleversé mon histoire personnelle. Colette Peignot ou Zelda Fitzgerald m’intéressent plus que Simone de Beauvoir. » Dans le livre, tout un chapitre s’intitule : « La belle et légendaire Colette Peignot ». Brève remarque sur le rôle dans la littérature des femmes qui n’écrivent pas ou peu (Colette Peignot est l’auteur des Écrits de Laure). Bernard-Henri Lévy préfère « une femme qui n’écrit pas mais qui entre dans la légende plutôt qu’un écrivain aux livres inutiles ». Il s’avoue fasciné par le « syndrome Jules et Jim » : « deux hommes qui se mesurent, s’affrontent à travers une femme ». Il dit aussi : « Je crois à une étrangeté absolue entre les hommes et les femmes, au malentendu éternel. C’est un fossé abyssal qui les sépare. Et c’est, bien entendu, ce que je trouve passionnant ! Les femmes ne sont pas nos prochaines, mais nos lointaines. » Ne manquez surtout pas ce chapitre qui a le mérite rare, chez nos contemporains, d’une belle et éclairante absence d’hypocrisie.
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