La book party est une tradition américaine. Celle-ci se tient sur un bateau, celui de mon ami, fondateur, avec moi, de Justice for Kurds, Tom Kaplan. Nous mouillons entre Ellis Island et l’Hudson, face à la statue de la Liberté. Parmi les invités, des journalistes, des vieux camarades new-yorkais, mais aussi Masih Alinejad, qui est le visage – et la chevelure – de cette résistance des femmes iraniennes qui prient, soir et matin, pour la défaite des mollahs et, donc, de leurs marionnettes du Hamas. Grâce à elle, et à quelques autres, Israël, ce soir, est moins seul.

Affluence des grands jours à Temple Emmanu-El, qui est, avec le « 92nd Street Y », le haut lieu de la nouvelle école juive de New York. Un millier de personnes dans la salle. Quelques centaines dans les salles adjacentes et dehors. Et quelques milliers sur Zoom. À un moment, Alana Newhouse, fondatrice de Tablet Magazine et, avec le philanthrope francophile Paul Lévy, puissance invitante de la soirée, convie à monter sur scène trois lumineux jeunes gens qui, depuis le 7 Octobre, font face à l’antisémitisme dans les universités. Je les observe. Je les écoute. À la fin, je reprends la parole : « à vos côtés, sur vos campus, aux jours et conditions de votre choix ». À suivre.

Jake Tapper sur CNN. Chris Cuomo sur NewsNation. Une raison au moins d’accepter avec enthousiasme leur invitation : je n’en connais pas tant d’autres qui se soient étonnés, voire indignés, que la cause des otages israéliens en général, et israélo-américains en particulier, ne soit pas devenue, dans tous les États-Unis, une grande cause nationale. La fin des combats ? Bien sûr, oui. Maintenant. Mais que, d’abord, en préalable à tout, on obtienne du Hamas qu’il libère les otages.

Autre book party. Cette fois à Los Angeles. À l’initiative du producteur Teddy Schwarzman, de son épouse, Ellen, et de Deborah Marcus, l’une des directrices exécutives de la fondation philanthropique de la légendaire agence d’artistes CAA. Démocrates ? Républicains ? Le Tout-Hollywood est là. Mais la guerre civile froide qui, à six semaines des élections, divise les États-Unis est momentanément suspendue. Car tous ont une conviction commune. Il ne suffit plus de dire : « Israël a le droit de se défendre » (un droit qui, après tout, vaut pour tous les pays du monde). Mais : « Israël a le droit et le devoir de l’emporter » (car il y va, non seulement de son sort, mais de celui des femmes et hommes libres du monde).

À Los Angeles toujours, aller avec le Franco-Américain, figure fitzgéraldienne de la Silicon Valley, David Marcus (qui en est l’un des sponsors) à la Nova Exhibition. Oui. Nova. Comme le Nova Music Festival de Réïm, où des centaines de jeunes qui étaient venus danser furent, aux premières heures du 7 Octobre, saignés et chassés comme des animaux. Une reconstitution grandeur nature, avec vidéos, photos, alignement de petits souliers abandonnés, reconstitution des ambiances sonores de ce matin d’enfer, ce pourrait être kitsch. Mais non. C’est tout simplement bouleversant. Quand vient le moment de prendre la parole, je reste, quelques minutes, sans voix.

Ne dites pas à Noa Tishby qu’elle est une star hollywoodienne qui fait une belle carrière d’actrice (Startrek ou NCIS) et de productrice (les 106 épisodes de la série In Treatment). Elle passe sa vie, entre les high schools, le Congrès et même les manifestations anti-israéliennes, à ferrailler contre la banalisation du Hamas, la diabolisation d’Israël et la montée de la haine antijuive. Et elle a transformé sa maison de Studio City en un studio où nous enregistrons l’une des vidéos qui ont fait d’elle l’influenceuse politique la plus écoutée de la côte Ouest.

Ce sera, à l’Hudson Institute, le think tank washingtonien de Daniel Bell et Raymond Aron, en conversation avec le senior fellow Liel Leibovitz, le thème de mon intervention : le Hamas n’est pas le Hamas ; c’est le centre d’une constellation dont les étoiles sont l’Iran, le Qatar, la Turquie des Frères musulmans, la Russie néo-impériale et la Chine en back-office – bref, contre le minuscule Israël et un Occident qui fut « vaste comme la clarté » mais joue de plus en plus avec « la nuit », rien de moins que la coalition des « cinq rois » en route vers la résurrection de leurs empires perdus…

Je n’ai, en voyage, jamais été fou des lambris. Mais comment, aujourd’hui, dissimuler ma joie ? À la résidence française, les deux ambassadeurs de France et d’Israël, plus complices, et même fraternels, que je ne l’imaginais. Et, autour d’eux, d’autres ambassadeurs, dont celui d’un des pays signataires des accords d’Abraham, invités à fêter, avec son auteur, le succès (américain) d’un livre (français). Oubliées, les « divergences d’analyse ». Laissées au vestiaire, les « pressions », non sur les pogromistes, mais sur Israël. Faut-il remercier la littérature ? Je remercie les ambassadeurs Bili et Herzog.

State Department. Tony Blinken étant absent (pour cause de énième et inutile voyage en Égypte supposée « médiatrice » entre l’État démocratique d’Israël et l’État terroriste de Gaza), discussion avec Ellen Germain, grande dame, diplomate de haut vol et Special Envoy du président des États-Unis for Holocaust Issues. Un département du Département d’État pour lutter contre le négationnisme ? Eh oui. Qu’ils aient le visage de Harris ou de Trump, les États-Unis restent ce pays-là. God bless America.


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