Écouter l’émission de Guillaume Erner sur France Culture, avec Bernard-Henri Lévy (écrivain, philosophe et cinéaste) et Iryna Slavinska (journaliste, directrice de la chaîne de radio publique Radio Culture Ukraine).

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Bernard-Henri Lévy, le philosophe qui murmure à l’oreille des présidents, revient dans cet entretien sur sa vision de la politique française et des conflits en cours à l’échelle internationale. Il livre sa vision de la gauche, son regard sur l’Ukraine, la Libye, les massacres commis par l’armée israélienne à Gaza et ses accusations de violation du droit international.

Quelle gauche défend BHL ?

Interrogé sur les récents positionnements de la gauche française, Bernard-Henri Lévy défend une vision de la gauche qui soit « anticolonialiste, antifasciste, antitotalitaire. Une gauche qui n’est pas les trois à la fois, et qui n’est pas capable de reconnaître en Poutine un ennemi, en Trump un adversaire, se fera balayer par l’histoire », prophétise-t-il. Dans cette veine, il avance que l’État d’Israël est « le modèle d’une guerre anticoloniale réussie ». Pour autant, alors qu’Israël est contesté au motif de violer le droit international, Bernard-Henri Lévy refuse d’assimiler les agissements de l’État hébreu à une violation du droit international : « la vraie violation du droit international, c’est le 7 octobre, le Hamas. C’est le 8 octobre, le Hezbollah. C’est les bombardements par les Houthis. C’est l’état de belligérance absolue et la volonté de destruction d’Israël par l’Iran », certifie-t-il.

L’intervention militaire en Libye : « une chose noble et belle »

Concernant l’intervention militaire en Libye, Bernard-Henri Lévy revient sur les événements du printemps arabe de 2011. Il souligne que la France a agi selon un « devoir d’ingérence », un devoir moral de protéger les populations qui portent des velléités de démocratie. « Nous sommes obligés de reconnaître que le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, a fait une chose noble et belle, il a appliqué le devoir d’ingérence, c’est-à-dire quand il y a un peuple qui menace d’être massacré et qu’on en a les moyens et qu’il n’y a pas d’autre solution, on vole à son secours ». Il ne regrette pas sa position d’alors : « quand un peuple vient frapper à la porte et qu’il dit “la démocratie, on veut essayer, la liberté, c’est pour nous, les femmes méritent de vivre dévoilées”, qu’est-ce qu’on fait ? À l’époque, leur interdire l’accès aux valeurs universelles de la démocratie eût été une infamie ».

Guerre en Ukraine : une détermination intacte du côté ukrainien ?

Sur l’Ukraine, Bernard-Henri Lévy exprime son inquiétude concernant les projets de paix, notamment ceux proposés par l’entourage de Donald Trump. Il craint que le président américain impose un plan de paix à Zelensky que ce dernier serait forcé d’accepter. « Quand Trump dit “je ferai la paix en 24 heures”, évidemment, c’est une bêtise. Mais cela correspond à un vœu, c’est-à-dire qu’il va mettre un plan sur la table et il va demander aux belligérants de se décider », souligne le philosophe. De son côté, la journaliste ukrainienne Iryna Slavinska se montre attentive aux sondages pour vérifier le pourcentage des Ukrainiens qui croient leur pays capable de l’emporter. « Il y a 92% d’Ukrainiens qui estiment que si l’Ukraine est soutenue par l’Ouest, par les États partenaires, elle est capable de vaincre, de gagner cette guerre, annonce-t-elle. Donc moi, je pense qu’on a beaucoup d’optimisme à nourrir en ce qui concerne la victoire ukrainienne ».


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