Le Kurdistan irakien a-t-il failli disparaître sous les coups de boutoir du groupe État islamique ? Peut-être pas, mais si on refait l’histoire, l’offensive fulgurante des hommes au drapeau noir dans le nord du pays, à l’été 2014, aurait pu très mal tourner. Les djihadistes n’étaient plus qu’à 70 km d’Erbil – la capitale kurde – et sans l’intervention de l’aviation américaine, personne ne sait exactement jusqu’où ils auraient pu aller.

Au fil des semaines, les peshmergas se sont ressaisis. Et ont courageusement fait face, protégeant leurs villes et leurs puits de pétrole en construisant des remparts de terre, des tranchées, des postes de surveillance équipés de mitrailleuses. C’est cette ligne de front – qui serpente sur plus de 1000 km – que Bernard-Henri Lévy et les équipes de son film Peshmerga ont parcourue de juillet à novembre 2015. De Kirkouk à Sinjar, en passant par le monastère de Mar Matta qui domine Mossoul et la plaine de Ninive. Certaines séquences de ce documentaire choc sont particulièrement réussies.

Au début du film, un combattant kurde saute sur une mine, la déflagration est assourdissante. Et quand la fumée se dissipe, alors qu’on imagine le pire, on le voit se relever, la tête en sang. Complètement groggy, mais miraculeusement en vie. Autre scène étonnante : les techniciens de Peshmerga parviennent à expédier un drone d’observation au-dessus de Mossoul. Il filme les contours de cette cité interdite, comme si vous y étiez. En voix off, BHL vante le modèle kurde : un islam modéré qui respecte les autres religions et promeut les femmes jusqu’à les enrôler dans sa guerre contre Daech, au même titre que les hommes.

Sortie mercredi prochain

En Irak comme en Syrie, les Kurdes sont clairement devenus les alliés numéro un des Occidentaux. Ces derniers jours, ils ont conquis plusieurs villages tenus par l’EI autour de Mossoul. Mais dans cette région troublée, aucun camp n’est épargné par les soupçons : plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont accusé les Kurdes de détruire systématiquement les maisons des Arabes sunnites pour les empêcher de revenir.

Projeté à Cannes, Peshmerga sortira mercredi dans une vingtaine de salles à Paris et en province. BHL compte ensuite organiser des séances spéciales au Congrès (Washington) et à la Chambre des communes (Londres) pour sensibiliser les parlementaires américains et britanniques à la cause kurde.


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