Quand la violence de la fiction rejoint la violence du documentaire… Le faux sang de la Saint-Barthélemy devant la caméra de Patrice Chéreau qui regarde l’atroce cruauté des guerres de Religion avec l’œil halluciné d’un Goya. Et le vrai sang des Bosniaques déchiquetés froidement, méthodiquement, par la barbarie des Serbes devant la caméra de Bernard-Henri Lévy qui crie sa colère, sa honte, sa révolte face à la purification ethnique acceptée par un monde résigné.

Gilles Jacob, le délégué général, l’a annoncé : de la vénéneuse Reine Margot au terrifiant Bosna !, le quarante-septième Festival de Cannes sera rouge, rouge d’un sang qui irrigue de nombreux films, reflets du présent ou du passé, qui se rejoignent dans un même message : le monde a peur.

Donc, les artistes, les cinéastes ont peur. Et ils le disent, chacun à leur façon, selon leur nationalité, leur sensibilité, leur âge. Ce n’est pas un hasard si, pour son retour au cinéma, Chéreau a éprouvé le besoin de nous plonger jusqu’à la nausée dans la fureur du 24 août 1572… Pas un hasard non plus si Roumains ou Russes, Britanniques ou Américains parlent cette année de mondes qui s’achèvent, de civilisations déclinantes, de héros qui disparaissent. Citons encore le délégué du Festival dans sa présentation de la sélection : « Devant la fin des illusions, les protagonistes de ces tragi-comédies doivent rire de tout de peur d’être obligés d’en pleurer… »

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