Quand ces lignes paraîtront, il nous restera très exactement quatre jours, soit un peu moins de cent heures, pour convaincre nos proches de voter en masse, sans état d’âme, pour Jacques Chirac.
Il nous restera quatre jours pour rappeler à ceux qu’inquiète, à juste titre, l’insécurité dans les villes que le Front national, c’est la violence, les milices et les polices parallèles, les zones de non-droit, les procès pour port d’armes illégal, les fusils à pompe qui sortent des caves, la mort de Poulet-Dachary à Toulon, les manifestations qui tournent au drame, les colleurs d’affiches qui se suicident d’une balle dans le dos – que, partout où le FN est passé, dans toutes les villes où il a gouverné, ce n’est pas moins, mais plus, d’insécurité qu’il a apporté.
Il nous restera quatre jours pour dire à ceux qui ont mal à la France et qui, à juste titre aussi, ont la nostalgie de sa grandeur, que Le Pen n’aime pas la France : il a fondé le Front national – il faudrait dire le Front antinational – avec des hommes qui ont servi sous uniforme allemand et furent condamnés, à la Libération, pour « intelligence avec l’ennemi » ; il est l’ami du très anti-français Vlaams Blok flamand ; il se lie à Saddam Hussein quand nous entrons en guerre contre lui ; il prend le parti de Mladic et Karadzic quand, sur les ponts de Sarajevo, ils transforment nos soldats en boucliers humains ; des assassins du FIS égorgeant des hommes dont le vrai crime est de parler français il ose dire que c’est la revanche de la « djellaba nationale » contre le « jean cosmopolite » ; il nous restera quatre jours, oui, pour dire et répéter que ce saboteur n’a cessé, sa vie durant, de prendre méthodiquement parti pour les ennemis de son pays.
Il nous restera quatre jours pour convaincre ceux que la montée de la corruption décourage d’aller voter que le plus affairiste de tous les partis est le parti de Jean-Marie Le Pen : quelle autre organisation politique, en France, a-t-elle noué des liens si étroits avec la secte Moon ? dans quelle autre a-t-on vu des argentiers qui, comme Laurent Mirabaud ou Jean-Pierre Aubert, ont pu être condamnés et emprisonnés pour trafic de narco-dollars ou exercice illégal de la profession de banquier ? où, dans quel parti, a-t-on jamais fait du racket des candidats un mode normal de financement du parti ?
Il nous restera quatre jours pour dire aux plus démunis que le programme du FN est un programme terrible pour les faibles, impitoyable pour les laissés-pour-compte et les exclus.
Aux petits et grands patrons que si Le Pen obtenait, dimanche prochain, un score élevé, l’image de la France en serait si visiblement ternie que les investisseurs prendraient peur, fuiraient notre pays et nous précipiteraient dans une crise financière, économique, sociale, sans précédent depuis longtemps.
Il nous restera quatre jours pour rappeler aux gaullistes que Le Pen fut l’ami, dans les années 60, de ceux qui tentèrent de tuer le général de Gaulle ; qu’il fut (cf. les Mémoires de Constantin Melnik – patron, à l’époque, de nos services spéciaux) surveillé pour cela, inquiété, arrêté.
Aux catholiques que, comme l’avait solennellement dit, peu de temps avant sa mort, l’archevêque de Lyon, Mgr. Decourtray, le FN est le parti de la « défiance », du « mépris », de la « violence » ; que c’est le retour à ce « paganisme antichrétien » où l’Eglise a toujours reconnu le plus redoutable de ses ennemis.
Aux juifs que le Front national a été bâti, entre autres, par des anciens de la Waffen SS ; que le maître à penser de Le Pen, Victor Barthélemy, fut un des hommes de confiance, spécialisé dans la chasse aux juifs, du SS Alois Brunner ; que Le Pen lui-même, bien avant ses petites phrases ordurières contre Simone Veil ou ses dénonciations de « l’Internationale juive », édita dans sa jeunesse les chants de guerre de l’Allemagne hitlérienne ; qu’il y eut des notables du FN pour faire alliance, plus tard, avec des représentants des groupes Habache, Abou Nidal, Ahmed Jibril ou pour se faire les propagandistes des thèses négationnistes.
Il reste quatre jours pour convaincre ceux de nos amis qui, dimanche dernier, ont voté à gauche de ne pas répéter l’erreur fatale de ces aînés qui, à force de finasser, à force de soutenir qu’entre droite et extrême droite la différence est, non de nature, mais de degré, ont fait le lit de la barbarie – il reste quatre jours à Jospin et aux jospiniens qui n’auraient pas encore franchi le pas pour être beaux joueurs, prononcer le nom de Chirac et inviter à voter, clairement, en sa faveur.
L’adversaire, dimanche, ce sera, bien sûr, le Front national. Mais ce sera aussi le parti des abstentionnistes, qui, en choisissant de ne pas choisir entre le démocrate et le fasciste, feront, comme Laguiller, la politique du pire. Abstention, piège à cons. Il reste quatre jours, pas un de plus, pour plébisciter la République et faire rentrer Le Pen dans sa boîte.
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