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Ahmad Shah Massoud

Par Liliane Lazar

BHL a soutenu Massoud et son action dès 1982. Il n’a eu de cesse de vouloir faire entendre cette voix afghane porteuse d’un islam éclairé.

Portrait en couleur du commandant Massoud.
Le Commandant Massoud en 1985. ©Reza

Ahmad Shah Massoud et Bernard-Henri Lévy

Accompagné de Renzo Rossellini et de Marek Halter, Bernard-Henri Lévy livre au Commandant Massoud, en 1982, les premiers émetteurs radio de ce qui deviendra Radio Kaboul Libre ; le film d’Eric Dahan, La Déraison dans l’Histoire, diffusé par France 5 en 2009, dans la collection « Empreintes », montre des images de cette mission.

En octobre 1992, chargé d’une mission humanitaire pour le compte d’Action Contre la Faim, l’ONG humanitaire qu’il a fondée en 1979, Bernard-Henri Lévy rencontre, à nouveau, Ahmad Shah Massoud à Kaboul.

En 1998, après la chute de Taloqan, la dernière bourgade qui, à mi-chemin du Tadjikistan, constituait encore un lien avec le monde extérieur, Bernard-Henri Lévy se fait accréditer par le journal Le Monde – ainsi que par le Corriere della Sera, El Mundo de Madrid et la Frankfurter Allgemeine Zeitung allemande – et réalise, dans le Panshir, l’un des derniers grands reportages sur Massoud.

En février 2001, survient un épisode peu connu. Bernard-Henri Lévy projette d’aller chercher Massoud à Douchanbé, capitale du Tadjikistan et de le ramener à Paris où il rencontrera le Président de la République d’alors, Jacques Chirac. Des rapports diplomatiques émanant de la mission française à Kaboul parviennent à l’exécutif français et font valoir que cette démarche, si elle était menée à bien, serait susceptible de mettre en péril les ressortissants français – notamment humanitaires – présents sur le terrain. La cohabitation aidant, ainsi que les rivalités entre les deux têtes de l’exécutif (Jacques Chirac et son Premier Ministre socialiste Lionel Jospin) la mission est annulée.

C’est en avril 2001, à Paris, où Massoud passe une soirée, à titre privé, après sa réception officielle par le Parlement européen, que Bernard-Henri Lévy verra pour la dernière fois le Lion du Panshir ; entre temps, BHL aura tout de même su convaincre Hubert Védrine, Ministre des Affaires étrangères de Jospin, retour d’un voyage officiel au Brésil, de recevoir l’homme de la résistance aux Talibans – et, ainsi, de sauver l’honneur. Souvent, les amis de Bernard-Henri Lévy, comme ceux de Hubert Védrine, s’étonnent du lien d’amitié entre les deux hommes : il est fondé, en partie, sur cet épisode « massoudien ».

Bernard-Henri Lévy à propos d’Ahmad Shah Massoud

L’incarnation de l’islam éclairé, en lutte contre l’intégrisme. […] Je connaissais un peu Massoud ; j’avais, à plusieurs reprises depuis vingt ans, dans ce bastion du Panshir que nous pensions inviolable, eu l’occasion d’admirer ce tempérament de résistant qui faisait la guerre sans l’aimer.

Le Point, 21 septembre 2001.

Massoud qui ne transigea jamais, on le sait, sur le droit des femmes à travailler et des petites filles à être éduquées.

Rapport au Président de la République sur la participation de la France à la reconstruction de l’Afghanistan, La Documentation française, 2002.

Ma dernière conversation avec Massoud, je l’ai rapportée dans Le Monde. « Introuvable, Ben Laden ? » Il se pencha sur une carte, mit le doigt sur la ville de Kandahar : « il est là, dans une maison prêtée par Mollah Omar, le chef des talibans, dans la même rue que lui ».

Le Monde, 13 octobre 1998.


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