On ignore qui, de Bush ou de Sarkozy, a eu l’idée de tenir leur première réunion de travail dans la maison de George Washington, à Mount Vernon. Mais l’information laisse rêveur. D’abord parce que la demeure historique du premier président des États-Unis se trouve être le lieu où sont conservées, depuis La Fayette, les clefs de la Bastille. Et, ensuite, parce qu’on ne peut pas ne pas songer, par extrapolation, aux autres Bastilles françaises, idéologiques celles-là, mentales, dont la clef est en Amérique. La question des banlieues, avec ce mixte d’universalisme et de respect des différences qui est la marque de fabrique, là- bas, de la citoyenneté et dont notre modèle jacobin serait bien venu de s’inspirer. La question de l’immigration, noyau dur du pacte social, avec ces douze millions de sans-papiers – douze ! – que les États-Unis absorbent sans avoir besoin ni d’un Hortefeux ni de tests ADN. La pratique d’une repentance qui a de plus en plus mauvaise presse chez nous (trois jours, dans l’affaire d’Abou Ghraïb, pour prendre acte de crimes que nous n’avons, quarante ans après, toujours pas vraiment reconnus en Algérie). Sans parler de ces dérives du système financier dont les USA sont, certes, l’épicentre mais qu’ils sont aussi les premiers à traiter de manière implacable : imagine-t-on, dans notre capitalisme de connivence, la mise en faillite d’Enron ? la « rich and beautiful » Martha Stewart en prison pour délit d’initié ? et imagine-t-on, à l’inverse, le quotidien économique de référence racheté par quelqu’un dont ce n’est pas le métier et qui est, par ailleurs, l’homme le plus riche du pays ? Les USA n’ont naturellement pas toutes les clefs (écologie, santé, extrême pauvreté…). Mais enfin ils ont celles-là. Puisse notre Président s’en aviser. Et nous revenir de ses noces franco-américaines avec un trousseau bien garni.


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