Vous êtes les militants de la première heure de la cause du Darfour.

Vous êtes ceux qui, depuis quatre ans, et alors que le monde entier se lave les mains de ces morts darfouris, s’époumonent pour donner l’alerte.

Et je voudrais juste ajouter mon témoignage à ce que vous venez d’entendre – je veux essayer de raconter ce que j’ai vu, de mes yeux vu, pendant ces huit jours terribles que j’ai passés, dans les camps de réfugiés d’abord, puis à l’intérieur même du Darfour ; et, comme vous le savez, pas n’importe quel Darfour puisque j’y suis entré, non pas via Khartoum, avec visas, accompagnateurs en civil, villages Potemkine, mais clandestinement, par le Tchad, avec une unité de notre ami Abdul Wahid Al-Nour, le patron du Mouvement pour la libération du Soudan.

J’ai vu des villages brûlés, naturellement.

J’ai vu des dizaines, puis, à mesure que je m’éloignais de la frontière et m’enfonçais dans le pays, des centaines de ces fameux villages brûlés, détruits par les janjawids, ces terribles cavaliers à cheval qui surgissent en général à l’aube, tournent autour des huttes avec des cris terribles, jettent des torches sur les toits de chaume, des bidons empoisonnés dans les puits, détruisent la petite mosquée, puis rassemblent les hommes, les mitraillent, violent leurs femmes et jettent leurs enfants dans les brasiers.

J’ai vu, sur 400 kilomètres, un pays devenu désert, proprement annihilé – jamais, nulle part, ne m’avait paru si parfaitement appropriée la formule convenue de « terre brûlée » : j’ai traversé 400 kilomètres sans voir d’autre trace de présence humaine que des décombres parfois fumants ; des cercles de suie noire indiquant l’emplacement d’anciennes maisons ; des hautes jarres à mil brisées et calcinées ; des blocs de sorgho durcis et noircis par les flammes comme des galets de lave ou des galettes énormes ; parfois un soulier d’enfant ; parfois un morceau de jouet qui a échappé aux flammes ; et, parfois, figé de terreur dans un bouquet d’arbres ou d’épineux, un reste de troupeau que les janjawids n’ont pas razzié.

J’ai vu, au terme de ce chemin, dans un village tenu par la guérilla dans la zone d’Amarai, un cratère immense, plein de clous et de ferrailles énormes dispersés sur des centaines de mètres alentour, puant la vieille essence : ce sont les vestiges d’une bombe lâchée, quelques jours plus tôt, au mépris de toutes les interdictions de survol décrétées par les Nations unies, par un Antonov de l’armée soudanaise.

J’ai vu, à demi détruits ou pris de vive force par les rebelles, des transports de troupe, des véhicules militaires, un camion Giad de fabrication soudanaise et, m’ont-ils dit, franco-soudanaise, qui confirment l’implication directe, et de moins en moins dissimulée, des Soudanais dans ce qu’ils nous présentent comme une guerre tribale, héritière d’un conflit ethnique sans âge, entre nomades arabes et tribus sédentaires d’origine Four, Masalit et Zaghawa : non ! j’ai la preuve, là, de l’implication directe, dans les massacres, de l’Etat terroriste du Soudan ! nous avons, avec Alexis Duclos, des images (une image, en tout cas – celle du camion Giad, dûment immatriculé à Khartoum) que nous tenons à la disposition des juridictions pénales internationales et qui attestent de cette responsabilité directe du criminel d’Etat Al-Béchir !

J’ai vu des survivants, bien sûr.

J’ai interrogé des hommes et des femmes qui ont tout perdu ; vraiment tout ; leurs biens ; leurs villages ; souvent leurs familles et les êtres les plus chers ; et aussi, au bout de tout cela, leur raison de vivre et de survivre, leur inscription dans le monde des vivants ; leur mort même, qu’ils attendent à tout instant et dont ils savent que, d’elle aussi, de cette mort, de ce mourir, qui, pour chacun d’entre nous, devrait être, selon le mot d’un philosophe qui fut mon maître, le point le plus secret et sacré de l’existence, ils seront et sont déjà dépossédés – tous ces futurs morts sans nom, sans nombre, sans visage ; tous ces morts dont aucune organisation de défense des droits de l’homme, aucun onusien, aucun d’entre nous, ici, n’est en mesure de dire s’ils sont 200 000, 300 000, peut-être 400 000 et qu’il faudrait, pour les compter, pouvoir déterrer des charniers où ils ont été jetés en vrac et qu’Alexis Duclos a photographiés, pour moi, avec moi, dans la région de Beirmezza.

J’ai vu une femme violée et que l’on avait tatouée comme une bête.

J’ai vu Samir Faudel, ce compagnon d’Abdul Wahid, battu à mort, torturé, dans le coma, que j’ai tenté de faire transporter en France avec la complicité, je dois le dire, d’un grand monsieur du Haut Commissariat pour les Réfugiés – mais il était trop tard, il est mort avant que nous n’ayons pu organiser son exfiltration.

J’ai vu des hommes et des femmes qui, mourant de faim, rongés par le paludisme, le regard trouble déjà, ce regard affreusement trouble que je connais si bien et qui est celui des déjà-spectres qui ont, comme tous les spectres, un pied dans l’autre monde et l’autre dans celui-ci, le nôtre, celui des vivants, pour leur rappeler, nous rappeler, notre dette inacquittée – j’ai vu ces morts-vivants hantés par une question, une seule : vous passez, vous, c’est bien ? mais les autres ? vos gouvernements ? pourquoi nous abandonnent-ils ? pourquoi tolèrent-ils que ces milices arabes surarmées, suréquipées, débarquent dans nos villages et nous disent : « vous êtes Masalit, Four, Zaghawa ; vous êtes de la race noire ; vous n’avez, pour cela, pas de place sur cette terre ; vous n’avez pas de place à nos côtés » ? pourquoi, oui, vous, Français, qui avez fait la Révolution pour les droits de l’homme et contre le racisme, ne faites-vous rien pour arrêter cette guerre purement raciste ?

J’ai entendu tout cela, oui.

Et je suis bien obligé de vous dire que je me sentais envahi, pendant que j’écoutais, d’une honte du même genre que celle que j’ai connue pendant le siège de Sarajevo, puis au moment du Rwanda, puis dans cette autre partie du Soudan, les monts Nouba, où je me suis également rendu, il y a sept ans, pour le journal Le Monde et où se déroule, dans une indifférence, par parenthèse, presque plus terrible encore, un autre crime au long cours, une autre extermination lente – je dois vous dire que, au-dedans de moi, tandis que j’écoutais les commandants Rocco, Nimeiry ou Tarada m’expliquer que le Soudan n’était pas non plus un Etat si redoutable et qu’il n’en faudrait pas tant que cela pour l’intimider, le tenir en respect ou le faire reculer, je croyais entendre mes amis bosniaques ; littéralement, je les entendais, les Divjak, les Landzo, les combattants de Stup et de Donji Vakuf, les copains du Cercle 92, me dire, avec, dans le regard, le même désespoir stupéfié, très précisément les mêmes mots ; et je dois dire que, au fond de moi, je savais qu’ils avaient raison.

Car, de ces massacres d’une cruauté terrifiante, nous avons peu d’images mais nous savons tout.

Car, pas plus qu’au Rwanda, en Bosnie, au Cambodge, nous ne pouvons dire : « c’est terrible, mais nous ne savions pas. »

Car, plus même qu’au Rwanda où les choses sont allées si vite, où le génocide est tombé comme la foudre et où la communauté internationale peut, à l’extrême rigueur, invoquer l’excuse de ce temps court, de cette mort qui a pris le temps d’un éclair – c’est mon ami André Glucksmann qui a parlé, n’est-ce pas, à propos du génocide des Tutsis au Rwanda, du record du monde horaire du génocide – à la différence, donc, du Rwanda, le massacre, là, dure depuis quatre ans ! quatre ans ! l’esprit malin du génocide, ce Diable, nous a laissé quatre longues années pour nous retourner, prendre la mesure de la catastrophe, agir ; et nous n’avons, pourtant, pas bougé.

Car la France par exemple (cela aussi, avec Laurent Fabius, nous l’avons vu) dispose, à la frontière du Tchad et du Soudan, de moyens d’information satellitaires qui lui permettent d’être informée, en temps réel, et dans un périmètre assez conséquent, du moindre mouvement militaire, de la moindre colonne suspecte, de chaque caillou que l’on déplace, de chaque hutte brûlée ; j’ai même cru comprendre, à mon retour, que nos moyens d’intelligence avaient aussitôt repéré une colonne de janjawids faisant mouvement en direction du corridor où nous étions, avec Duclos et Hertzog, censés passer et qu’Abdul Wahid, tel un nouveau Kurtz, tapi je ne sais où au cœur de ces ténèbres, à des centaines de kilomètres de là, était informé, lui aussi, de tout et, merveilleux ange tutélaire, muni de cette nouvelle arme de guérilla dont sont équipés ses meilleurs commandants et qui s’appelle le téléphone thuraya, modifiait en temps réel, à distance, l’itinéraire de notre pick-up – rusant avec l’ennemi, jouant au plus fin, le leurrant, c’est bien le seul moment de cette aventure qui, rétrospectivement, me fasse un peu sourire.

Bref, ces survivants des massacres rassemblés eux-mêmes comme des troupeaux et attendant la mort, je savais qu’ils avaient raison, car nous savons tout et ne faisons rien.

Il y a là un génocide annoncé et nous ne levons pas le petit doigt pour l’empêcher.

Il y a là des crimes contre l’humanité massifs, documentés par les ONG, définis comme tels par la Cour pénale internationale, et nous restons, depuis quatre ans, les bras croisés.

Et, quand je dis cela, je ne parle d’ailleurs pas seulement de la France ; ni seulement des Etats en général ; mais je parle des opinions, des gens, de nous tous : où sont les militants qui luttèrent contre l’apartheid et en eurent, à la fin, raison ? où sont les pacifistes qui, il y a trois ans, défilaient par centaines de milliers contre la guerre de Bush en Irak ? où sont les professionnels de l’indignation ? où sont les intellectuels si prompts à dénoncer « l’Empire » et qui, là, tout à coup, face à ces carnages sans nom, sont si peu à s’exprimer ? serait-ce que, quand « l’Empire », justement, n’est pas en cause, quand on ne peut pas lui mettre le crime sur le dos ou quand, pire encore, il s’en mêle mais, si j’ose dire, dans le bon sens avec ce grand mouvement d’indignation qui est en train de s’amplifier aux Etats-Unis, la cause devienne suspecte ? et n’ont-ils rien d’autre à dire, vraiment, ceux-là, qu’à ratiociner sur la question de savoir si ces crimes « méritent » ou non la qualification de génocide ?

La vérité c’est que, au point où nous en sommes, il n’y a que deux solutions.

Ou bien sort de notre rassemblement d’aujourd’hui un élan, une détermination ; s’organisent, dès demain, dès ce soir, dans tous les quartiers de Paris, dans toutes les villes de France, des comités Urgence Darfour, ou SOS Darfour, qui feront pression sur leurs élus comme nous faisons pression, nous, ce soir, sur les candidats à l’élection présidentielle ; ou bien, donc, s’enclenche un mouvement d’opinion qui, de proche en proche, fera pression sur nos gouvernants, et sur les partenaires de nos gouvernants, pour que, comme pour la Bosnie, on finisse tout de même, au bout du compte, par arrêter les massacreurs et les contraindre de revenir à la table des négociations : les solutions, comme en Bosnie, existent ; le Soudan est un pays important, mais vulnérable aux pressions économiques et financières que François Zimeray vous a détaillées ; cela ne prendrait que quelques heures, oui, François Bayrou l’a très bien dit tout à l’heure, de convaincre les Soudanais que leur intérêt est de se calmer ; et quant à leur alliée, la Chine, quant à ce gouvernement chinois qui bloque systématiquement, au Conseil de sécurité des Nations unies, toutes les résolutions visant à protéger les civils du Darfour et à mettre par exemple, entre eux et leurs bourreaux, une force d’interposition digne de ce nom, quant à la Chine donc, je m’associe à la proposition que vient, également, de lancer Bayrou et dont je crois savoir (elle nous le dira tout à l’heure) que c’est aussi la position de Ségolène Royal – je m’associe à cette idée d’envisager une grande campagne internationale et démocratique sur le thème : « non aux Olympiades du sang et de la honte ! boycottons des Jeux olympiques qui se tiendraient dans un pays où l’on continuerait de protéger, encourager et bénir l’un des Etats les plus criminels du moment. »

Ou bien nous n’y parvenons pas ; la France essaie mais ne peut rien ; l’opinion américaine se mobilise mais est impuissante à renverser le cours des choses ; les nations, plus exactement, grondent mais se gardent de sévir ; elles font semblant de se fâcher mais évitent soigneusement de passer aux actes ; nous laissons – parce que c’est cela que cela voudra dire – la loi du pétrole dicter sa loi aux droits de l’homme ; nous laissons les grandes compagnies, affamées des matières premières que recèle le sous-sol soudanais et, sans doute aussi, ce malheureux Darfour, dealer avec le régime de Khartoum ; et alors, si vraiment, oui, on en est là, si vraiment, oui, l’esprit munichois trouve là une nouvelle occasion de se réexposer dans sa veulerie et son cynisme, si vraiment, oui, nous ne sommes même pas capables de ce minimum minimorum que serait l’envoi d’une force de Casques bleus et si, par conséquent, le massacre continue avec, laissés en première ligne et pris en otage, une poignée d’humanitaires courageux – alors, il faudra se résigner à cette solution de toute dernière extrémité qui sera d’armer les hommes qui, eux, au moins protègent les survivants, les défendent et qui sont les hommes de la SLA.

Je dis cela avec scrupule.

Je le dis en homme de paix qui a trop vu de guerres pour ne pas savoir que c’est toujours un terrible échec quand on se résout aux armes.

Je dis et répète que ce serait la dernière, la toute dernière, des extrémités.

Mais je me souviens, à nouveau, de la Bosnie.

Je me souviens de ce fameux embargo sur les armes frappant, en principe, les deux camps mais favorisant, par principe aussi, ceux qui avaient déjà des armes et exposant du coup, encore plus, ceux qui n’en avaient pas.

Et je me dis que la situation est, hélas, comparable et qu’en renvoyant dos à dos ceux que l’on appelle, en langage de chancellerie, les « belligérants », en parlant de « guerre civile » alors qu’on a là un nouvel exemple de cette guerre contre les civils qui est devenu, depuis quelques dizaines d’années, l’état d’urgence permanent d’un partie croissante de la planète, en campant sur des positions « pacifistes » qui ont pour seul résultat de laisser les uns massacrer en paix les autres, on prête la main aux assassins et l’on désespère encore plus les assassinés.

Car je voudrais dire, encore, un dernier mot.

J’ai vu les gens de la SLA à l’œuvre.

Je les ai vus à l’entraînement et, un peu, à la manœuvre.

J’ai vu avec quel scrupule, au quotidien, ils organisent la défense civile des pauvres gens qu’ils protègent des janjawids.

J’ai vu leurs commandants payer, dans les marchés, les vivres qu’ils achetaient.

Je les entendus me dire, et j’ai tendance à les croire, comment, avant une attaque, l’un de leurs soucis était d’épargner au maximum, en face, les vies civiles.

Et quant aux allégations portant sur les exactions qu’ils auraient commises dans les zones qu’ils contrôlent, tout est possible, naturellement ; je revois, pour revenir une dernière fois à la Bosnie, le visage bouleversé, au bord des larmes, du président Izetbegovic à l’instant, juste avant son entrevue, à Rome, avec le pape Jean-Paul II, où il a appris que quelques-uns de ses hommes, des soudards, des soldats perdus, venaient de se rendre coupables, en Bosnie centrale, de crimes de guerre ; mais, sans faire d’angélisme, sans sanctifier quiconque, en sachant bien qu’il n’y a jamais, dans aucune guerre, de petits saints et de prix de vertu, en sachant et en disant très haut que jamais, dans aucune circonstance, il n’y a tout le Mal d’un côté et tout le Bien de l’autre, je crois Abdul Wahid Al- Nour quand il s’élève contre les accusations portées contre lui ; je le crois quand il me dit, dans la conversation qu’a publiée Libération ce matin, que ses prisonniers sont sous le contrôle de la Croix-Rouge et qu’il est prêt à répondre à toute enquête diligentée par quelque institution internationale que ce soit ; je crois, vraiment, que l’homme que vous allez entendre tout à l’heure, cet avocat devenu chef de guerre, cet homme qui fait la guerre sans l’aimer et sur la tête de qui elle est tombée, cette guerre, comme un mauvais destin, mérite le soutien des démocrates de France.

D’autant qu’il y a une toute dernière chose encore.

Je connais, aussi, son programme pour, non seulement le Darfour, mais le Soudan.

Je sais, pour en avoir parlé, non seulement avec vous, Abdul Wahid, mais, sur le terrain même, avec vos commandants les plus modestes, que vous vous battez pour un Soudan démocratique, unifié, basé sur la citoyenneté et laïque.

Oui, laïque !

Oui, en pays d’islam, chez des musulmans sincères, parfois très pieux, une revendication de laïcité !

Oui, au cœur de l’Afrique, dans l’horreur de cette guerre qui pourrait pousser au pire des désespoirs des musulmans qui continuent de plaider, et avec quelle conviction pour cet islam laïque, modéré, tolérant.

Oui, une guerre, autrement dit, qui voit s’opposer (c’est presque trop beau pour être vrai, mais c’est, pourtant, la réalité !) d’un côté le régime islamiste de Khartoum, celui que financent les pétrodollars saoudiens, qu’inspirent les Frères Musulmans et qui, par parenthèse, a hébergé Ben Laden et Al-Qaïda, avant le 11 Septembre – et, de l’autre côté, ces musulmans modérés et laïques que le monde entier prétend appeler de ses vœux et qu’il a là, si j’ose dire, sous la main et le regard.

La situation, donc, est celle-là.

Et nous ne ferions rien ?

Et nous ne prendrions pas parti ?

Et nous renverrions dos à dos les partisans de la dictature et les combattants de la liberté ?

Non, chers amis.

Nous ne pouvons pas faire cela.

Le Darfour, ce sont des souffrances sans nom. Ce sont les portes de l’enfer.

Mais c’est aussi l’une des lignes de front où se joue l’une des batailles les plus importantes de notre époque : celle entre l’islam de la charia et du jihad, entre l’islam où l’on brûle vives les femmes qui contreviennent aux règles de leur soumission – et cet islam éclairé, lumineux, dont la tradition remonte au plus haut Moyen Age et dont les Darfouris sont aujourd’hui les héritiers.

Pour cela aussi, il faut leur porter secours

Il faut défendre les Darfouris parce qu’ils défendent nos valeurs.

Il faut les aider dans leur combat parce que leur combat est notre combat.


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