« Évidemment, cela me ferait plaisir d’avoir un prix littéraire, j’en serais fier, mais je n’arrive pas à le désirer. » Bernard-Henri Lévy nous avait fait cette confidence lors de notre entretien pour « L’Invité de la semaine ». Désiré ou non, il a maintenant un prix. Et ce ne peut-être qu’un plaisir. Si connu que soit BHL, Le Diable en tête, qu’il a publié en septembre dernier aux éditions Grasset, est tout de même son premier roman, donc un morceau de lui-même, porté dans le silence pendant plus de deux ans, travaillé, repris, mis et remis en musique, puis lâché, donné à tous, dans une certaine anxiété. Livre classique par son style, pas du tout autobiographique comme il s’en défend, mais néanmoins, « Confession d’un enfant du siècle », Le Diable en tête est une heureuse synthèse de l’image et de l’écrit.

Découpé comme un scénario de film, ce n’en est pas moins un livre qui devra beaucoup à ses pères fondateurs, Benjamin Constant à l’évidence et aussi Stendhal.

Benjamin, le héros de BHL aurait 42 ans. Né dans une famille dénuée de soucis matériels, il traverse par parents interposés le Paris de l’occupation – et son couple infernal collaboration-résistance – celui de la guerre d’Algérie, le New York des années 50, l’Italie des Brigades rouges et du terrorisme aveugle. C’est aussi Mai 68, mais juste pour quelques lignes, Mai 68 qui selon Bernard-Henri Lévy a marqué la fin du XIXe siècle et la fuite, jusqu’à la mort, dans Jérusalem. Un bon roman – qui avait été « le livre de la semaine » des DNL – et qui est prometteur. L’essayiste, le jeune et brillant initiateur des « nouveaux philosophes » – époque qu’il considère avec un certain sourire – directeur d’une collection chez Grasset, BHL le surdoué, provocateur-né, n’a pas manqué son entrée dans le monde romanesque. À suivre.


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