Dans la tasse de porcelaine fume un thé à l’hibiscus rouge, Bernard-Henri Lévy y verse une pile de glaçons. Regard de charbon, voix basse, silhouette svelte, une beauté altière l’a sculpté négligeant, presque, ses sept décennies écoulées. Ce matin de juin parisien, il présente son cinquième long-métrage, Une autre idée du monde, diffusé dans quelques jours sur Canal+, le jumeau à l’écran de son quarante-sixième livre, Sur la route des hommes sans nom (éd. Grasset). Ce sont les huit reportages écrits et filmés, les huit récits de « guerres oubliées » qu’au fil de l’année 2020 les lecteurs de Paris Match ont lus sous sa signature : la narration poignante des drames du Nigeria, du Kurdistan, de l’Ukraine, de la Somalie, du Bangladesh, de la Grèce, de la Libye et de l’Afghanistan. On le voit marchant dans les tranchées du Donbass sanglé dans un manteau boueux, inspectant les latrines du camp de réfugiés de Moira sur l’île de Lesbos ou encore descendant en rappel une falaise aux côtés de combattants kurdes. Cette image vertigineuse, il l’a aussitôt envoyée à quelques proches, qui ont souri – incorrigible Narcisse. Nous évoquons ses tournages ; la peur qu’il dit tenir à l’écart ; la fatigue, qu’il assure refouler ; ses contacts locaux, à propos desquels il ose cette phrase : « J’ai plus d’amis chers au Burundi qu’à Saint-Germain-des-Prés. » Avalant une gorgée du thé désormais glacé, il assure que là-bas, « aux côtés des damnés de la terre », il se fiche du confort, mange ce qu’il trouve, dort quand il peut.

De New York, sa productrice exécutive à l’étranger, Emily Hamilton, ancienne directrice de la communication de l’ambassade de France aux États-Unis, confirme tout : l’équipe légère – quatre personnes –, l’unique hôtel de Lesbos, un bouge miteux en Ukraine ou, en Somalie, les lits spartiates du camp Bancroft, du nom de cette société américaine qui paie quarante mercenaires sur place pour combattre les milices islamistes. « “Adventure style”, assure en anglais la jeune femme, on cale tout à la dernière minute. » « On n’a pas de méthode, on ne prévoit rien, on prend un avion, on y va, toc toc, c’est nous », insiste Gilles Hertzog, fidèle compagnon de BHL, dans la vie et autour du globe. Petit-fils de Marcel Cachin, un des fondateurs du Parti communiste français, jadis marié à une duchesse italienne, celui-ci a longtemps eu pour tâche de lire chaque matin la presse anglo-saxonne, italienne et française puis, s’il considérait qu’il fallait se soucier dare-dare d’une plaie du monde, d’appeler « Bernard », dont le majordome, Saïd, bouclait alors la valise. « Aujourd’hui, il est devenu une adresse internationale : on lui demande de venir », précise Hertzog, lui aussi septuagénaire (on aperçoit dans le film sa crinière blanche). Il ajoute : « Nous ressemblons à cette femme, assise sur une plage, qui à la main remet dans l’eau des petits crabes échoués : mission vaine, magnifique. » BHL sait ce qu’on dit de lui, ce qu’on moque chez lui, ce qu’on hait chez lui – au point de le contraindre à vivre protégé jour et nuit par six policiers : sa fortune, immense ; ses relations, puissantes ; son personnage, superbe. Le costume Lanvin et la chemise échancrée (que ne façonne plus la maison Charvet mais un tailleur ami), les propriétés magnifiques où les réfrigérateurs tournent à vide tant l’idée qu’une nourriture s’y dégrade le dégoûte, son obsession de la perte de temps, qui l’amène à passer commande des plats de tous ses convives sans leur demander leur avis dès qu’il quitte l’hôtel du Cap à Antibes, sachant que son chauffeur aura besoin de neuf minutes pour atteindre le restaurant de la plage Keller. « Moi, le nanti, le libéral, le fils de famille, doté des privilèges que l’on m’impute souvent à crime », écrit-il. Un train de vie luxueux, savouré et méprisé. Debout tous les matins à 5 heures, ayant banni de sa vie toute musique hormis celle de son épouse, l’artiste Arielle Dombasle, il travaille.

Son obsession : la perte de temps. Il se lève chaque matin à 5 heures

« Une mécanique et une intelligence somptueuses », confie son éternel ami, l’écrivain et éditeur Jean-Paul Enthoven. « Un intellectuel incroyablement laborieux et doué d’une grâce rare », salue Alain Minc. Un metteur en scène de sa propre gloire, grondent de leur côté ses ennemis qui, souvent anonymes, vilipendent ses reportages éclair et son obsession d’apparaître au cœur de l’image. Dans une scène de son nouveau film, on le voit nager le papillon dans la rivière Rukochek au Kurdistan. Le spectateur se frotte les yeux : personne ne nage le papillon, encore moins à 72 ans. On vérifie, on questionne : BHL ne nage que le papillon, plus éprouvant et plus esthétique que le crawl, même dans sa piscine à Marrakech, où deux magnétophones l’attendent, un à chaque bout du bassin. Il sort la tête de l’eau, dicte une phrase, replonge. Pas une seconde à gâcher, le monde brûle. Durant l’été 2011 en Libye, panique, plus de preneur de son. Camille Lotteau, jeune cinéaste écolo, est embauché dans l’urgence. Après des heures de route dans le désert, sa voiture rattrape enfin celle du philosophe-reporter ; il fonce lui accrocher un micro au col et là, stupeur, il découvre qu’il ne porte pas l’emblématique chemise blanche mais un tee-shirt gris. Il tente une blague. « Sachez, cher Monsieur, que je suis totalement imperméable à l’humour », lui répond BHL. Ils ne se quitteront plus. « Avec lui, il n’y a jamais de crise, il est capable de changer d’avis et est toujours un peu fou », confie le réalisateur, qui aime l’écouter « parler toute la nuit de Levinas ».

Qui est vraiment Bernard-Henri Lévy ? Nageur de papillon, écrivain, penseur, éditeur, cinéaste, journaliste, militant, homme d’affaires ? Tout cela à la fois. L’intellectuel français le plus célèbre à l’étranger, un missionnaire, « le ministre fantôme des pays oubliés », comme le glorifie Gilles Hertzog. Jamais personnage n’aura aussi durablement occupé l’espace. Quelques fautes de carre, aucune pause. « Ce qu’il fait, aucun de nous ne le ferait ou ne l’aurait fait, juge Alain Minc ; il est un lanceur d’alerte à l’échelle de la planète. » Depuis bientôt cinquante ans – le Bangladesh en 1973, la « révolution des œillets » au Portugal l’année suivante –, il court après « la grande colère des choses », selon la formule de Sartre. Lui se définit ainsi : « J’ai les yeux ouverts ; je ne crois pas au sens de l’histoire, il n’y a pas de main invisible. L’histoire ne va ni vers un mieux nécessaire ni vers un pire inéluctable, elle n’est pas non plus cyclique. L’histoire n’a que le sens que les hommes lui donnent. Toute la noblesse des hommes est de tenter de réparer le monde. » L’ambition est grandiloquente, forcément mégalo. « Je crois au grain de sable, à la volonté. Peut-être m’est-il arrivé d’être ce grain de sable… » Combien de fois ? Il répond dans le désordre : quand il a obtenu, en mars 2014, que François Hollande reçoive les candidats à la présidence de l’Ukraine ; en mars 2015, lorsque le même président a invité à l’Élysée les combattants kurdes, vainqueurs des djihadistes à Kobané ; quand Emmanuel Macron, enfin, a accueilli à Paris le Premier ministre irakien, après le référendum kurde de 2017. Un regret ? « Je voulais faire venir en France les 19000 migrants échoués à Lesbos, soufflet-il. Là, j’ai échoué. » On l’interpelle à propos d’une autre scène dérangeante du film. Dans un camp du Kurdistan syrien, province de Rojava, où sont enfermés des enfants dont les parents ont rejoint Daech, un gosse en guenilles lui sert de traducteur. BHL lui demande son nom, le note. Pour quoi faire ? N’est-ce pas lui donner un faux espoir ? « Je fais les démarches nécessaires pour l’accueillir dans notre pays et l’y scolariser, répond-il. Je suis prêt, s’il le faut, à me porter garant, je m’engage. » Ses proches rappellent qu’il a, par le passé, loué plusieurs fois à ses frais la salle de la Mutualité pour y tenir des assemblées militantes, ou même financé, en mars 2012, deux mois de séjour dans un hôtel parisien pour deux opposants syriens au régime de Damas, ainsi qu’un vol en jet privé vers Cannes, où était projeté en sélection officielle son film Le serment de Tobrouk. Bernard Schalscha, ancien militant d’extrême gauche, les avait aidés à quitter clandestinement leur pays. « Un enfer, c’était hyper compliqué, se souvient-il. J’ai tout fait, Bernard a tout payé. »

Raconter Bernard-Henri Lévy, c’est plonger dans un demi-siècle d’orages et de grandes causes. Famille juive d’Algérie, grand-père maternel photographe de village à qui on interdisait de tirer le portrait des colons ; un autre aïeul, côté paternel, berger quelque part dans les sables, où son cadavre sera retrouvé desséché. La France, Neuilly, Paris, l’École normale supérieure, l’agrégation de philosophie, puis, à 23 ans, le Bangladesh en guerre contre le Pakistan. Son premier livre, Les Indes rouges (mai 1973), raconte cette lutte pour l’indépendance. Dans la foulée, il monte un journal. Comme il ne sait pas faire petit, il achète une imprimerie et sort un quotidien, L’imprévu, joyeux foutoir où il embarque sa bande, Jean-Paul Enthoven (qui le baptise joliment « Bernard LesVies » dans un roman attendu pour la rentrée) et Gilles Hertzog, rencontré l’avant-veille et propulsé rédacteur en chef du service international. Après onze numéros, le journal se fracasse. Huit millions de francs de perte qu’assumera son père, André Lévy. Un héros, ce paternel chéri, grand homme silencieux. Engagé à 18 ans dans les rangs des républicains durant la guerre d’Espagne, il combattit sous les ordres du général Diego Brosset, compagnon de la Libération, avant de créer une entreprise prospère dans le négoce du bois, la Becob. « Bernard est avant tout un fils, son père le regarde », assure Gilles Hertzog. En mai 1977, André Lévy écarquille les yeux. Sur le plateau d’Apostrophes, l’émission littéraire phare de l’époque, c’est son garçon qui défouraille : l’auteur irradiant de La barbarie à visage humain, bombe à fragmentation dans le camp de la gauche. BHL naît là, chevelure encore sombre, déjà une gueule, une fièvre. Bientôt, avec Bernard Kouchner, Marek Halter, André Glucksmann et quelques autres trentenaires, ils inventent le droit d’ingérence, le devoir de secours, les droits humains qui se fichent de la diplomatie et des subtilités de la géopolitique. Les famines, les guerres civiles, les massacres de minorités, les crimes que l’on tait ne sauraient être les sujets de précautionneuses négociations. « Il cherche des peuples saints. C’est vrai que c’est plus marrant que de donner des cours sur Merleau-Ponty à Normale sup », observe avec tendresse Jean-Paul Enthoven.

Il n’a jamais voulu de la Légion d’honneur mais rêve du prix Nobel de la paix

D’un côté, les livres, l’édition, la philosophie, le débat d’idées, la presse (un bloc-notes dans Le Point, ses reportages dans Paris Match, sa propre revue, La Règle du jeu, lancée en 1990) ; de l’autre les meetings, les lettres ouvertes, les campagnes, la diplomatie à sa sauce, urgente, solitaire et pas toujours dans les clous des spécialistes, que ses partis pris hérissent. En 1992, Sarajevo est assiégé ; le voici déboulant dans le bureau où s’est claquemuré Alija Izetbegovic, le président de la Bosnie-Herzégovine. La France l’aidera, il le promet. La France, il en fait son affaire. « Nous sommes alors une poignée à défendre les Bosniaques. Ce n’est pas évident pour nous, de gauche donc antimilitaristes, mais nous réclamons une intervention », se souvient le cinéaste Romain Goupil, détestant qu’on doute de son courage. « En Bosnie, je l’ai vu de mes yeux devant l’Holiday Inn, ça canarde dans tous les sens, tout le monde se tire, mais lui, tout à sa dénonciation du gouvernement français, ne bouge pas. Il est convaincu que la volonté et l’idée sont plus fortes que les faits. » BHL, le performatif. Il y a aussi BHL l’utilitariste, certain qu’un président de la République est là pour servir les Français, donc lui quand il en a besoin. « Avec François Mitterrand, le lien était très fort ; il impressionnait Bernard et Bernard lui plaisait », raconte Alain Minc. À Sarajevo toujours, il a prié Mitterrand d’intervenir et le président socialiste s’envola vers la capitale bombardée – il confirmera avoir fait le voyage pour répondre à la supplique de BHL. « Mitterrand ne suivait pas la ligne des intellectuels des Deux Magots, grince cependant l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, alors secrétaire général de l’Élysée. Il n’allait pas épouser le parti des Bosniaques musulmans parce que BHL le lui réclamait. BHL lui était utile, il se servait de ses relations. »

Mitterrand l’a néanmoins traité avec égard, jusqu’à remettre à son père la Légion d’honneur – lui assure n’avoir jamais souhaité cette décoration, il rêve plutôt du prix Nobel de la paix – et à charger Pierre Bergé de lui apporter son cadeau de mariage quand il épousa (en troisièmes noces) la sirène Arielle Dombasle, en 1993. En 2002, Jacques Chirac lui confie une mission officielle, une vraie, avec lettre de la République : réfléchir à la reconstruction culturelle d’un Afghanistan libre. La veille de son départ, un grand raout rassemble de nombreux invités sous les ors de l’hôtel George-V où l’hôte des festivités, Jean-Luc Lagardère, propriétaire du groupe MatraHachette, tient un discours à l’adresse du philosophe et globe-trotteur. Le télescopage des genres n’a jamais été un problème pour BHL. Avec Nicolas Sarkozy, la relation sera dense et tumultueuse, d’autant qu’il a fait campagne pour Ségolène Royal contre lui. Un jour, le président décide de le virer du conseil de surveillance d’Arte (où Mitterrand l’avait nommé) pour le remplacer par un autre philosophe, Alain Finkielkraut. On le convainc qu’il ne peut agir sans avoir au moins informé BHL et rendez-vous est pris. Les reproches claquent, chacun encaisse ses points : match nul, BHL conserve Arte. Un mois plus tard, sous les assauts des troupes de Kadhafi criblant Benghazi, Bernard-Henri Lévy compose de mémoire – il le raconte ainsi – le numéro du standard de l’Élysée. Il faut sauver la ville martyre, faire la chasse au tyran de Tripoli. On connaît la suite. « Sarkozy est intervenu en Libye avec l’aval de Hillary Clinton et de David Cameron », précise Alain Minc. « Il survend toujours son rôle, tempère également Hubert Védrine, sans cacher son agacement. Il a pu convaincre parfois, mais moins qu’on ne le prétend. » Entre François Hollande et BHL, c’est une histoire plus froide, chacun cherchant à tirer profit de l’autre. Quant à Emmanuel Macron, un fin connaisseur des deux hommes observe qu’il « échappe » à l’omniprésent philosophe. Aujourd’hui, si BHL dit son vœu de voir Anne Hidalgo porter l’an prochain les couleurs de la gauche républicaine, il martèle qu’il fera « tout ce qu’il faut » pour que Macron ne soit pas trop faible s’il arrive au second tour : visiteur de tant de soirs à l’Élysée, il ne veut pas se tromper de combat quand Marine Le Pen caracole dans les sondages. « Sans lui, il nous aurait manqué une folie donquichottesque, s’enflamme Romain Goupil. Et puis punaise, avec tous ses privilèges de naissance, il aurait pu choisir autre chose, or il s’est donné un devoir ! » Celui de vivre pour deux, au moins pour deux. Pour ce frère, Philippe, gravement accidenté, aîné solaire dont il semble vouloir combler la fragilité en dévorant l’espace. Pour ses bientôt six petits-enfants, pour ses deux enfants, dont le moindre tracas le consume. Lorsqu’Antonin, avocat reconnu, se casse le pied en scooter, il harcèle les meilleurs orthopédistes de la capitale. Et puis, sa perle, son trésor, sa Justine, née Justine-Juliette, romancière, naguère mariée à Raphaël Enthoven, le fils de son ami Jean-Paul.

Quand elle donne le jour à Suzanne, en 2004, le flamboyant grand-père est à New York. Il trépigne, bondit, traverse l’Atlantique aller-retour dans la journée pour embrasser le bébé à la maternité. Père présent, protecteur, veillant sur les parcours scolaires, « il nous a transmis le sens de la justice et de l’injustice », confie Antonin Lévy. Quelques amitiés denses, une garde mutique de fidèles invités à Marrakech, Tanger, Saint-Paul-de-Vence, vacances de rêve tandis que leur hôte écrit dès l’aube dans sa chambre. À l’automne dernier, Jean-Paul Enthoven subit en urgence une opération vitale et BHL le raconte, mystique. Enfant, il habitait rue Pauline-Borghèse à Neuilly, et sa chambre plongeait sur celles de la clinique où son ami eut la cage thoracique découpée. Un signe ? Ce n’est pas tout. Quand vient le dimanche, il panique. Ces jours de repos sont dangereux, les équipes médicales possiblement négligentes, il appelle la terre entière jusqu’à joindre sur son portable le chirurgien qui a opéré. Il le conjure de veiller sur « Jean-Paul », cet autre lui-même : gare à la torpeur dominicale, prévient-il, son propre père est mort ainsi. Le médecin lui coupe la parole : il sait tout cela. BHL sursaute. Oui, poursuit le chirurgien, il sait comment finit André Lévy, car c’est lui, alors interne, qui signa son bon de sortie. Le philosophe frissonne en évoquant cette coïncidence venue du ciel. Il confie n’avoir pas vu le temps passer : « Je n’ai pas la preuve d’être mortel », lance-t-il à ses proches. Leurs fragilités l’affolent. En les touchant, elles le frôlent. Tous les soirs, depuis bientôt un demi-siècle, il enregistre son journal intime. Une secrétaire le tape, comme d’autres ont archivé ses copies écrites à Normale sup – dont celle, fameuse selon lui, consacrée à Nietzsche. Un journal intime pour la postérité ? Il hoche la tête. Ce ne sera jamais publié, des consignes ont été données. La mort, cette garce. L’hiver dernier, Enthoven guéri, BHL a eu une idée, soufflée par Bernard Tapie. La France manque de vaccins, ça piétine, ça confine, or Israël a des doses excédentaires de Moderna. Et si nous demandions à Stéphane Bancel, le Français à la tête de Moderna, de nous les vendre ? Trois millions de doses. Ni une ni deux, nous sauverions la France – au passage, on souffle au patron du laboratoire, entré dans le classement des milliardaires de Forbes, qu’il pourrait jeter un œil sur le capital du Monde, ce quotidien dont la ligne éditoriale le hérisse. Conciliabules, coups de fil en tous sens, il faut mettre Bibi Netanyahou dans la boucle, quelques jours d’agitation… puis les vaccins commandés par l’Europe arrivent. Qu’à cela ne tienne, BHL est déjà ailleurs. Son « cher Bangladesh », seul pays islamique dirigé par une femme et dont le monde se fout éperdument, l’Ukraine et l’Otan, l’Afghanistan, ne pas oublier l’Afghanistan, où le fils du commandant Massoud aura besoin d’aide. Il l’a fait recevoir il y a quelques semaines par Macron et honorer par Anne Hidalgo. « La France, c’est un grand truc tout de même », chuchote-t-il, pensif. Surtout avec son aide ?


Autres contenus sur ces thèmes