Bernard-Henri Lévy étonne. Fresque, enquête, témoignage, journal ? Son dernier livre Les Aventures de la liberté est impossible à étiqueter. Il ne ressemble à rien qui existe. Il échappe de tous les côtés. Seul le sous-titre Une histoire subjective des intellectuels sonne clair : le propos de Lévy est de nous donner sa vision de cette drôle de peuplade qui, tant du point de vue étymologique qu’historique, ne vit le jour qu’au moment de l’affaire Dreyfus (le mot « intellectuel », épithète presque infâmante, se pare alors de prestige). De Zola à Sollers, donc, une série de portraits marqués au sceau des goûts, des aversions ou, plus subtil, plus malin – plus sincère ? – des interrogations que se pose Lévy sur des itinéraires parfois paradoxaux. Ainsi, Malraux, défenseur des écrasés, qui choisit, en 1937, de ne pas dénoncer l’assassinat de dix mille anarchistes catalans, ou, plus mystérieux encore, qui endosse la tenue respectable d’un ministre après une vie d’aventurier. Une façon de parler de lui en parlant des autres, de se découvrir comme jamais il ne l’avait fait ? Loin de Lévy le polémiste, le dandy qui irrite autant qu’il séduit, un intellectuel et un homme qui revendique le droit de se tromper, de se contredire et d’être ambigu. « Si j’ai écrit ce livre, note l’écrivain, c’est qu’il me paraissait être, à tous égards, celui de mon âge d’homme ». Ce livre révèle la part d’ombre d’une de nos stars de l’édition.


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