Agrégé de philosophie, auteur à succès d’un océan d’ouvrages, cinéaste, chroniqueur, militant contre toutes formes de prurit totalitaire, « BHL » fait montre d’une trajectoire vertigineuse. Lors de cette cérémonie ouverte par le président du Mémorial, Éric de Rothschild, en présence d’Arielle Dombasle, de François Heilbronn, vice-président du Mémorial, de Jacques Fredj, son directeur, de Philippe Allouche, directeur de la FMS, et d’un parvis comble, l’orateur rappela que c’était la troisième fois qu’il prenait la parole en ces lieux avant de déclarer « que nous étions confrontés au même impératif, au même défi, au même devoir d’intelligence et de mémoire », puis de revenir sur « l’histoire de l’Europe et les massacres de ses juifs… » nourrie de l’antisémitisme chrétien, ses pogroms et « à l’aube de la modernité son tournant, cette métamorphose, cette mue, avec la haine du juif devenue biologique, médicale, raciale… ».

Après avoir souligné que c’est en philosophe qu’il avait expliqué ce tournant dans une part de son œuvre « sans l’érudition de Raoul Hilberg, sans la sainte patience de Serge Klarsfeld, et sans la force surhumaine de Claude Lanzmann », l’orateur évoqua ce que fut la singularité du génocide juif et « sa spécificité diabolique où en même temps qu’on rayait les victimes du livre des vivants, on les rayait aussi du livre des morts ». « D’où l’importance du geste que nous faisons ici, ce geste de réparation, de piété et de sagesse, cette sépulture de pierre et de mots, qui est aussi une humble revanche ».

Bernard-Henri Lévy a indiqué que « le négationnisme avait été tenu en respect » et fit part de « sa source d’optimisme » face à la jeunesse juive. Il a également mis en relief « cette splendeur juive retrouvée, cette force juive assumée et joyeuse, cette idée que le peuple juif est un trésor pour l’humanité », avant de conclure « que se souvenir qu’être juif, c’est aider à ce que le monde soit monde et que l’humain soit humain… C’est cela qui répare et cela qui, ce matin, redonne espoir ».

Après cette allocution saluée par un tonnerre d’applaudissements, puis le retentissement de la sonnerie aux morts par la Garde républicaine, le grand rabbin Olivier Kaufmann conduisit avec une infinie ferveur les prières du « El Male Rahamim » et du kaddich.


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