Après la Libye, c’est à la Syrie que s’intéresse désormais Bernard-Henri Lévy. Le philosophe français a réuni lundi soir pour la première fois à Paris plusieurs membres de l’opposition syrienne en exil au cinéma Saint-Germain.
« Je ressentais un grand malaise face à cette interpellation insistante selon laquelle je m’intéressais uniquement à la Libye », admet le philosophe français, pour qui il demeure « important d’agir ». De retour de Benghazi, le Français fait une rencontre capitale. Celle de Lama Atassi, présidente de l’organisation France Syrie démocratie, et d’Ammar Qorabi, chef de l’Organisation nationale syrienne des droits de l’homme, deux des principales tendances de l’opposition en exil, affirme BHL. Deux personnalités qui, de l’avis d’autres opposants syriens en exil, ne représentent pas pour autant la première ligne d’adversaires du président el-Assad.
Des « âmes sœurs »
« Ils m’ont raconté les prises d’otages massives, les snipers, les tortures répétées, les rafles et les villages détruits les uns après les autres, se souvient Bernard-Henri Lévy. Une technique de la terreur appliquée avec maîtrise par Bachar el-Assad. » Comme à son habitude, le philosophe n’a pas fait les choses à moitié. Laurent Fabius, Bernard Kouchner, André Glucksmann, Fadela Amara, Jane Birkin ou Xavier Beauvois, tous ont répondu présent lundi à l’appel « SOS Syrie » lancé par sa revue littéraire en ligne La Règle du jeu et l’organisation France Syrie démocratie, donnant naissance au « serment de Paris ». Des personnalités que l’intellectuel qualifiera d’« âmes sœurs » dont la mission est d’interpeller l’opinion publique sur la dramatique situation syrienne.
Concrètement, le philosophe souhaite offrir aux principales tendances de l’opposition la possibilité de s’exprimer pour la première fois sur le Vieux Continent, puis à travers un espace spécialement dédié sur sa revue en ligne. « Si les résistances survivent, c’est grâce au soutien apporté à l’extérieur », aime à rappeler BHL. Un soutien international jusque-là fort mesuré, que n’ont cessé de dénoncer les divers invités présents à la tribune, avant d’appeler à une saisine de la Cour pénale internationale à travers le vote d’une résolution du Conseil de sécurité. Les interventions ont alors pris un tour plus géopolitique, insistant davantage sur les divergences existant entre les membres des Nations unies et les moyens d’y remédier.
Le rôle des pays arabes
« Il est nécessaire que tous les pays du printemps arabe signifient leur refus de tout rapport diplomatique avec la Syrie », avance Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères, notamment au moment du voyage en France en juillet 2008 du président syrien Bachar el-Assad, « une tache indélébile au pays des droits de l’homme », rappellera Martine Aubry dans une lettre lue lundi soir.
« Tant que la Ligue arabe ne condamnera pas le régime syrien, il sera fort difficile d’obtenir une résolution de l’ONU », insiste de la même manière Axel Poniatowski, président UMP de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Mais le plus pragmatique de la soirée restera sans aucun doute l’ancien Premier ministre Laurent Fabius. Selon ce dernier, la clé du dossier syrien ne se trouverait pas uniquement en Russie et en Chine, alliés indéfectibles de Bachar el-Assad, mais également chez plusieurs pays émergents encore réticents à condamner la Syrie. « Il nous faut lancer un appel aux opinions publiques de l’Inde, de l’Afrique du Sud et du Brésil », réclame Laurent Fabius. Et le socialiste de brandir le risque de conflit fomenté par un régime syrien en difficulté chez ses voisins, une « ruse », selon lui, pour ressouder le pays.
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