Bernard-Henri Lévy ne figure pas au générique de Génération. En mai 1968, il écoutait la radio dans sa chambre d’étudiant. Pas moyen de réviser correctement avec ces barricades sous vos fenêtres, ces mégaphones qui braillent aux carrefours, ces grenades lacrymogènes qui vous piquent les yeux d’une façon odieuse. Et puis il y avait les examens, n’est-ce pas ? La révolution était repoussée en octobre. Elle attendrait bien jusque-là.

Elle a même attendu beaucoup plus que ça. Nous sommes en 1987. Le héros du livre d’Hamon et Rotman (anciens gauchistes, maos défroqués, castristes n’ayant plus de cubain que les cigares) sont passés de la subversion. BHL n’a plus sa chambre d’étudiant. Désormais c’est lui qu’on entend à la radio. Le philosophe publie un tout petit pamphlet plein de bon sens. En gros : que les Tapie, les Renaud, les Montand se taisent et cèdent la place aux intellectuels. On ne peut qu’être d’accord là-dessus. En un sens, Lévy est notre inspecteur Bourrel. Ce court texte est son « bon sang, mais c’est bien sûr ! ». On le lit comme il a dû être écrit : très vite. L’urgence réussit à l’auteur. Il a laissé les violons dans leur boîte. À près de quarante ans, Lévy redécouvre que les intellectuels sont faits pour cette chose toute simple, bête comme tout : penser.

PS : BHL sera-t-il dans le tome 2 de Génération ? Réponse au mois de novembre.


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