Paris Match : Vous serez, demain, reçu à l’Elysée avec sept chefs militaires kurdes. Comment est née cette rencontre ?
Bernard-Henri Lévy : J’étais au Kurdistan le mois dernier. Sur la ligne de front, face à Mossoul. J’ai rencontré ces hommes. J’ai été impressionné par leur courage. Impressionné par le fait qu’ils étaient les seuls, au fond, à tenir le front face à Daech. Et bouleversé, aussi, par leur solitude. A mon retour, j’en ai parlé au Président Hollande qui, comme vous le savez, est un ami de longue date du Kurdistan. Et, également, le chef d’Etat occidental le plus en pointe dans la lutte contre les coupeurs de tête de l’Etat islamique. Il a accepté de recevoir ces guerriers de légende qui sont l’âme du peuple kurde et le fer de lance de la résistance à la barbarie.
Concrètement, quelle aide va être demandée à la France ?
Nous le saurons demain. J’imagine que les dirigeants kurdes vont informer, d’abord, le Président français de la situation sur le terrain. Ils vont sans doute aussi lui dire qu’ils sont, sur le terrain, les meilleurs alliés de la France et des démocraties. Et ils demanderont probablement les moyens militaires leur permettant de mener la vraie contre-offensive que le monde attend. Pour l’heure, ils tiennent leurs mille kilomètres de front avec des armes de fortune, des tanks repris à Daech dans des combats acharnés et 30 Milans filoguidés livrés par l’Allemagne -mais c’est si peu !
« Les Peshmergas portent sur leurs épaules le sort du Kurdistan […] et peut-être le nôtre »
Ces moyens sont-ils ce qui manque pour faire peser la balance en leur faveur sur le terrain ?
Je le pense, oui. C’est, en particulier, les moyens qui manquent pour sauver ce qui reste des Chrétiens d’Irak. Leur situation, comme vous savez, est quasi désespérée. Les villages de la plaine de Ninive ont été ignoblement « nettoyés » de ces Chrétiens millénaires. Et, si l’on ne fait rien, c’est un véritable génocide spirituel, un crime contre la mémoire de l’humanité qui ira à son terme. Les seuls capables de renverser le cours des choses, ce sont eux, les Peshmergas kurdes. Les seuls capables de faire en sorte que rentrent chez eux, dans leurs maisons et sur leurs terres, ces centaines de milliers de réfugiés chrétiens et yézidis qui croupissent aujourd’hui dans des camps, ce sont ces sept hommes qui seront donc reçus, demain, au Palais de l’Elysée. Je suis reconnaissant au Président Hollande d’avoir compris qu’ils portent sur leurs épaules le sort du Kurdistan, de la région – et, peut-être, le nôtre.
Y a-t-il un événement grand public prévu autour de ces commandants Peshmergas ?
Oui. Demain soir à 20h30. Ma revue, La Règle du jeu, invite les Parisiens à venir saluer et entendre ces combattants de la liberté. La rencontre aura lieu au Cinéma Le Saint-Germain. Elle est ouverte à tous ceux qui ont à cœur la défense des valeurs de démocratie et de droits de l’Homme – et aussi, je le répète, le sort des chrétiens en voie d’extermination.
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