JULIE COSTE : Pourquoi ce meeting ?
BERNARD-HENRI LÉVY : Parce je crois que nous avons un devoir de solidarité avec ceux qui se battent, face à l’islamisme radical, pour les valeurs de tolérance, de liberté et de laïcité. Souvenez-vous de ce que nous faisions, avec Sartre et Foucault, pour les dissidents soviétiques. Souvenez-vous des mobilisations, des chaînes de solidarité, en faveur de Sakharov et des autres. Eh bien Ayaan, c’est comme Sakharov. Il faut, autour d’elle et de celles et ceux qui mènent le même combat qu’elle, une chaîne de solidarité du type de celles que nous formions autour de Sakharov. Le combat commence ici. Aujourd’hui.
JC : Ayaan Hirsi Ali est-elle toujours menacée de mort ?
BHL : Oui. Plus que jamais. Et le scandale des scandales c’est que l’administration des Pays-Bas, qui n’en est pas à une vilénie près, vient de lui retirer sa protection rapprochée lorsqu’elle quitte le territoire hollandais. C’est cette décision qui, pour Philippe Val, Dominique Sopo, Caroline Fourest, moi-même, a été le vrai déclencheur : il faut protéger Ayaan ; il est impensable qu’une femme condamnée à mort parce qu’elle défend nos valeurs (elle dit elle-même, explicitement, qu’elle défend les valeurs de la laïcité à la française) soit livrée, sans défense, à ceux qui veulent la tuer.
JC : La secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade, doit participer à la manifestation de dimanche. Qu’attendez-vous, qu’attendent les organisateurs du meeting, de l’Etat français ?
BHL : La plupart d’entre nous n’avons pas voté pour Nicolas Sarkozy. Mais nous avons entendu la promesse qu’il a faite, pendant sa campagne, quand il a dit : « moi Président, plus une femme au monde ne sera persécutée, martyrisée, sans trouver en France asile, soutien et espoir ». Non seulement nous avons entendu cet engagement, mais nous l’avons pris au sérieux. Et même au pied de la lettre. S’il veut, il peut. Il peut même agir très vite. Et sa ministre, Rama Yade, le lui a d’ailleurs rappelé dans un article récemment paru dans Le Monde. Il peut quoi, au juste ? Lui donner asile, d’abord. Mais surtout, et c’est ce que nous demandons, lui donner la nationalité française. Ne serait-il pas paradoxal que cette femme, cette grande dame, cette incarnation des valeurs de l’Europe et, je le répète, de la France, soit contrainte de s’exiler aux Etats-Unis ?
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