Le 28 mai 1977, Bernard Pivot conviait sur le plateau d’Apostrophes, Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, pour débattre de la question : « Les Nouveaux Philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? » Maurice Clavel, également présent, soutenait leurs thèses, tandis que François Aubral et Xavier Delcourt s’y opposaient. Le débat fait connaître au grand public les nouveaux philosophes et fonde l’amitié entre ces deux intellectuels que seule la mort de Glucksmann sépare désormais.

JÉRÔME BÉGLÉ : André Glucksmann est-il un penseur et philosophe qui a marqué son temps ?

BERNARD-HENRI LÉVY : Oui, naturellement. Quelques concepts. Des intuitions fortes. Des réflexes d’acier, même lorsqu’il se trompait et qu’il revenait loyalement sur ses erreurs. Qui peut en dire autant ?

Quand et comment vous êtes-vous rencontrés ?

Comme toujours pour les rencontres qui comptent, il y a eu plusieurs rencontres. La principale fut sans doute celle qui se fit sous l’égide de Maurice Clavel, ce philosophe maoïste et catholique, injustement oublié, et qui fut le trait d’union entre nous. C’est de notre trio qu’est née, ainsi que du livre de Christian Jambet et Guy Lardreau, L’Ange, la nouvelle philosophie. Philosophie antimarxiste, certes. Mais ça allait plus loin que ça. Et c’est à toute l’idéologie progressiste que nous en avions en réalité.

Quels combats avez-vous conjointement menés ?

Tous. Je veux dire : tous les combats importants, en tout cas pour moi. Je ne parle pas de la politique intérieure française qui n’a jamais été l’essentiel ni pour lui ni pour moi. Mais la Bosnie. Le Rwanda. Le refus du totalitarisme fut-ce, aujourd’hui, dans sa forme poutinienne. D’aucun intellectuel, je n’ai été aussi proche. Je suis très triste ce matin. Très.


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