Le 12 octobre 1992

Première rencontre avec Salman Rushdie

Ce jour d’octobre 1992, la première rencontre de Bernard-Henri Lévy et de Salman Rushdie eut lieu à Helsinki, sous l’égide de leur ami commun, l’écrivain et journaliste Gabi Gleichmann. Bernard-Henri Lévy devait prendre la parole dans le cadre de l’Assemblée annuelle du Conseil Nordique. Le philosophe décide alors de céder son temps de parole à Salman Rushdie qui fera, ainsi, sa toute première apparition publique après la fatwa lancée contre lui le 14 février 1989 par l’ayatollah Khomeini, depuis l’Iran.

Voici ce que relate Gabi Gleichmann, alors président de la branche suédoise de PEN International, et président de la réunion culturelle annuelle des cinq pays nordiques :

A cette époque, très peu de gens avaient rencontré Rushdie et encore moins nombreux étaient ceux qui étaient à ses côtés, qui défendaient sa cause. Dans beaucoup de cercles, il était considéré comme quelqu’un de dangereux, porteur d’une espèce de microbe mortel et – considérant que son traducteur japonais avait été poignardé à mort et que son éditeur norvégien s’était fait tirer dessus et avait failli mourir – la plupart des gens avaient peur d’associer leur nom à celui de Rushdie. […] Bien sûr, je ne pouvais pas donner à Rushdie une invitation formelle au sommet culturel du Conseil nordique », poursuit-il. « En 1992, il devait encore arriver clandestinement dans les endroits où il se rendait. Parmi les délégués officiels de ce prestigieux sommet et parmi les ministres de la Culture, personne n’était au courant de mon projet. J’avais donc besoin d’un leurre, d’une personnalité du monde littéraire internationalement reconnue, qui prétendrait être officiellement le principal intervenant. Je demandai à mon vieil ami Bernard-Henri Lévy de venir pour jouer ce rôle. Je choisis Lévy moins pour ses grandes réussites en philosophie et dans l’écriture que parce que je savais qu’il était courageux et profondément engagé – l’un des rares sur la scène intellectuelle européenne à toujours résister et, même au péril de sa vie, à se battre pour des valeurs universelles essentielles. Par ailleurs, j’espérais qu’un entretien entre Lévy et Rushdie pourrait apporter à ce dernier un soutien important et dont il avait bien besoin. Lévy joua parfaitement son rôle. […] Je pense qu’il est inutile de préciser que la rencontre entre Lévy et Rushdie fut un succès à tous niveaux. En un instant, les bases d’une amitié durable entre deux des plus importants auteurs contemporains étaient posées. […] Je pense que je n’exagère pas en affirmant que la rencontre entre Lévy et Rushdie à Helsinki constitua un tournant dans l’affaire Rushdie.

Bernard-Henri Lévy n’aura cessé de porter et de partager la cause de Salman Rushdie, encore aujourd’hui.


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