On est au plus fort de la guerre de Bosnie et du massacre des civils de Sarajevo par les milices serbes massées sur les collines de la ville. Bernard-Henri Lévy, en désespoir de cause, organise une « exfiltration » puis une « tournée européenne » pour le Président bosniaque Alija Izetbegovic. Au cœur de cette tournée, cette rencontre – au Vatican – avec le Pape Jean-Paul II.
Commentaire de Bernard-Henri Lévy dans Le Lys et la Cendre, son journal de la guerre de Bosnie :
Dans la pompe du Vatican, sous les fresques des peintres de la Renaissance, dans la bibliothèque privée du successeur de saint Pierre, la rencontre de ce musulman, Président d’un pays multiconfessionnel où vivaient et, parfois, vivent en harmonie catholiques, musulmans, juifs et orthodoxes avec le chef spirituel d’un milliard d’hommes. Ils ne parlent guère de Dieu. Mais ils parlent du Mal. « L’humanité saigne en Bosnie, dit le Président. Sarajevo est, aujourd’hui, la capitale mondiale de la douleur. Venez, Saint-Père, à Sarajevo. » Et le Saint-Père, ce Polonais qui est allé s’incliner devant le Mémorial au ghetto de Varsovie, cet homme de foi et de combat qui s’est rendu sur tous les fronts de la misère, se tait, se recueille quelques secondes – et, d’une voix sourde, répond: «peut-être, oui, j’irai un jour à Sarajevo.
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