Intelligence du corps ? C’est toute la question posée par Spinoza dans l’Éthique : on ne sait jamais de quoi est capable un corps ; on parle, on parle, mais la seule chose vraiment mystérieuse, c’est de savoir ce que peut un corps.

L’alcool drogue dure, bien avant le cannabis ? Preuve par les hooligans drogués – en effet – à la bière.

Le « seul vrai concurrent de Le Pen, c’est Zidane », dit Jean Daniel dans L’Observateur. Le foot, encore. Et toujours l’intelligence – politique, cette fois – des corps.

Millon, soit. Mais Balladur ? Quelle tristesse. Quel désastre ! Spinoza encore. Sa critique des « passions tristes ». Parvenir à penser la politique, dit-il, sans recourir à ces passions tristes que sont la haine, l’envie, la honte, le regret, la vengeance, la crainte ou, dans cette affaire de « préférence nationale », le découragement.

Dans le Mérimée de Xavier Dercos, de belles pages sur l’amitié Mérimée-Stendhal et sur la certitude, chez le premier, de l’inéluctable oubli où sombrerait l’œuvre du second. Indécidabilité des gloires. Malentendu généralisé, jusques et y compris dans la plus désintéressée des amitiés. S’il y a un champ où notre lucidité est toujours prise en défaut, c’est bien celui des contemporains.

Il y a deux façons, en fait, de traiter le Front national. Le liquider ou le diluer. Le réduire ou le laisser s’infiltrer. J’imagine cette « commission sur la préférence nationale ». J’imagine réécrits, selon les recommandations de ladite commission, non seulement le droit des familles, le droit du travail, etc., mais le principe d’égalité, le préambule de la Constitution, bref les lois fondamentales qui régissent la République. Peut-être, oui, le Front national commencerait-il alors de baisser. Mais à quel prix ! Le Pen et Mégret pourraient disparaître, puisqu’ils auraient gagné la bataille des idées.

C’est l’histoire de ces gens qui, à Guernesey, tentent de convaincre Hugo de lire Le rouge et le noir. Le lendemain matin, penaud, le maître rapporte le livre : « désolé, mais je ne lis pas le patois ».

Devenir invisible, c’est trop tard. Mais, peut-être, imperceptible.

Ainsi de ce que l’on appelle aujourd’hui la « politique sécuritaire ». Passion d’esclave, dit encore Spinoza (Éthique IV, 47, scolie). Car même graine de tristesse. Même fond de haine, de méfiance et de mort.

Pourquoi écrivez-vous ? Pour réduire ou maintenir l’écart ? Communiquer, ou creuser la distance ?

Guère relevé, ce mot de l’ancien ministre Poniatowski, lors du congrès fondateur du mouvement de Charles Millon : « il est temps de mettre un terme aux divisions de la droite artificiellement créées il y a cinquante ans par la guerre ». On a bien lu. Artificiellement… Il y a cinquante ans… C’est du révisionnisme pratique. C’est la pensée révisionniste devenue principe d’une politique.

L’idéal sécuritaire encore. Lu, dans un journal anglais, qu’une compagnie d’assurances proposerait des contrats d’indemnisation en cas, non seulement de krach boursier, mais de troubles psychologiques liés à ce nouveau type de « catastrophe ». Passion triste, toujours. Sérénité « réactive » de l’âme guérie du risque.

Surpris de retrouver chez Kojève, dans un texte où il annonce « l’achèvement » de l’Histoire mondiale par « alignement des provinces de l’empire », l’idée des « critères de convergence» maastrichtiens ? Allons donc !

Tel est Jospin : quelqu’un qui a l’air – mais jusqu’à quand ? – d’avoir enfin compris que, comme disait Brice Parain, « chaque mot est une promesse » et que faire de la politique, c’est d’abord « donner sa parole ».

Face à la calomnie, faut-il répondre ou se taire ? ne rien laisser passer ou, au contraire, laisser filer ? La question n’est pas psychologique mais philosophique car elle concerne, au fond, le régime moderne de la vérité : une information qui a failli être vraie ne sera plus jamais tout à fait fausse – et c’est pourquoi il faut rectifier.

Oui, bien sûr, le Kosovo. Mais on voit bien, en même temps, la source du malaise. Si le coupable est clairement désigné (Slobodan Milosevic, nouveau fauteur de guerre dans les Balkans), la cause kosovar, elle, n’a plus les mêmes raisons de mobiliser (la Bosnie cosmopolite incarnait une certaine idée de l’Europe – adhérera-t-on, avec la même foi, au nationalisme albanais ?).


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