Face à la barbarie sans nom des terroristes du Hamas, le soutien des pays occidentaux au peuple et à l’État d’Israël a été immédiat et sans faille, à la hauteur de leur responsabilité historique à l’égard des Juifs et des souffrances endurées ; nous avons répondu, et nous continuons de répondre, à ce nouveau rendez-vous que l’Histoire nous a fixé avec un peuple une fois de plus dans la peine et la tourmente ; et dans un monde out of joint, où les autocraties de toutes sortes, avec leur haine de l’Occident, forment une Internationale du pire, défendre Israël relève de la raison d’État des démocraties.

Mais voici que des voix s’élèvent pour dire que ce soutien à Israël devrait conduire à reconsidérer notre soutien à cet autre pays victime, agressé par un autre membre de la même Internationale du pire, qu’est l’Ukraine ; il s’est même trouvé des élus américains pour estimer qu’il n’y aurait pas place, ni dans les cœurs ni dans le budget de leur pays, pour deux solidarités actives ; et ils demandent, ceux-là, que soient révisés à la baisse, voire purement et simplement annulés, les programmes d’aide militaire décidés par le président Biden en soutien d’un président Zelensky, qui, en défendant son pays, défend aussi l’Europe et l’Occident.

On commettrait là, si ce courant devait s’amplifier, une erreur tragique.

En Ukraine depuis dix ans, en Israël depuis dix jours, c’est le même combat qui se livre en faveur d’un monde plus libre, plus juste, où les dictatures seront contenues.

Et les opposer, privilégier l’un par rapport à l’autre, oublier Kiev au prétexte de Tel-Aviv, échanger Bakhmout contre Gaza, ou les Kibboutz pogromisés contre Kherson bombardée, bref déshabiller les combattants de Zaporijjia, d’Andiivka et, demain, de Sébastopol parce qu’il y a, en effet, urgence à soutenir Tsahal, prouverait que nous n’avons pas compris ce fait pourtant essentiel : c’est la même hydre sans frontières qui s’appelle ici fascislamiste, là impérialisme grand’russien et qui frappe, partout, avec une assurance grandissante.

Nous savons, au demeurant, que la Russie et le Hamas ont des liens très anciens.

Nous observons que la première ne considère nullement le second comme un mouvement terroriste ; elle n’a pas condamné son raid sanguinaire contre Israël ; elle compare le siège de Gaza par Tsahal au siège de Leningrad par la Wehrmacht ; et elle entretient les meilleures relations du monde avec les deux États sponsors, la Syrie et l’Iran, des assassins du 7 octobre.

Et, quant à l’art russe de la guerre, force est de constater que le terroriste Poutine n’a rien à envier aux terroristes du Hamas : les forces russes tuent indistinctement civils et militaires ; elles tirent sur les installations civiles, les gares, les barrages, les lieux de rassemblement et de culte, les théâtres, les restaurants, non moins que sur les cibles militaires ; sans parler du monument de Babi Yar, à la mémoire des Juifs de Kiev victimes de la Shoah par balles, qui fut touché dès les premiers mois de la guerre.

Il ne saurait y avoir, quand les assassins s’épaulent et se relaient, de concurrence entre les victimes.

Les démocraties, avec leur puissance militaire et morale, doivent pouvoir secourir, en même temps, les enfants déportés de Marioupol et les bébés égorgés de Kfar Aza.

C’est le même combat qui se livre, pour les mêmes valeurs et la même idée du monde, en Israël et en Ukraine – et l’Occident en alerte doit réapprendre, sans tarder, à compter jusqu’à deux. Toute autre attitude serait une preuve de faiblesse. Et un signal terrible serait adressé à tous ceux qui, partout, ciblent les démocraties.


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