En bout de table, deux personnes au visage caché dans le drapeau de leur pays martyr, des lunettes de soleil masquant leur regard. Deux Syriens « dont vous me pardonnerez de ne pas vous donner les noms » et qu’il faut pardonner « de ne pas vous montrer leurs visages », annonce en préambule Bernard-Henri Lévy, l’auteur du Serment de Tobrouk, lors de la conférence de presse très particulière qui a eu lieu ce 25 mai dans le Palais des festivals.

Il ne s’agit pas, explique Bernard-Henri Lévy, de parler du film, puisqu’il raconte « l’histoire unique d’une ingérence réussie ». L’urgence, aujourd’hui, c’est la sœur blessée de la Libye, la Syrie, et cet « autre Benghazi qui s’appelle Homs et pour lequel les avions de l’Otan sont restés cloués au sol ». C’est le sens d’une montée des marches forcément spectaculaire, avec le renfort du GIGN pour assurer la sécurité des participants et sur le tapis rouge des rebelles syriens propulsés en quelques heures de l’enfer sur terre au Palais des festivals.

Ces deux rebelles masqués ont quitté leur pays il y a quelques jours, « prenant des risques inouïs, pour être là ce soir ». Pourquoi courir un tel risque, organiser la collision du glamour et de la politique ? À quelques heures de sa montée des marches, Bernard-Henri Lévy nous répondait : « D’abord pour imposer l’image d’un passage de flambeau des Libyens aux Syriens. » Ensuite parce que l’opposition syrienne elle-même se déchire sur la question d’une intervention occidentale : « Je trouve important que les Syriens voient, ce soir, que la Libye n’a pas été aidée par l’Occident pour des raisons économiques, mais bien par désir d’aider la cause de la liberté. » Enfin, parce que l’expérience de Bosna !, son documentaire de 1994 également présenté à Cannes, avait montré qu’« il arrive à Cannes d’être une chambre d’écho politique puissante ».


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