C’est l’écrivain chéri de la rentrée littéraire, le philosophe au visage de Musset et à la moue mélancolique. Il pourfend tous les méchants, les maîtres des goulags, les bourreaux des holocaustes. Sa parole est d’or : ses appels à la liberté, à la justice, rappellent les anathèmes des vieux prophètes ou des anciens messies. Il y a dans son personnage un peu de la fureur biblique, un courroux révolutionnaire et de beaux principes vengeurs. Il est de tous les combats : contre la haine, et pour plus d’humanisme. Il a connu sa guerre, en mai 68.

La Barbarie à visage humain est devenue un classique. Bernard-Henri Lévy, un écrivain qui compte, et dont depuis des mois, les gens avertis annoncent un coup d’audace : un roman. On attendait un bouquin à la Malraux ou à la Sollers : musclé, âpre, mêlant politique et philosophie. Le Diable en tête mixe l’amour, la guerre et la politique : une femme entre deux hommes, un collabo et un résistant, son mari et son amant. Lévy flirte avec les légendes, mais il a choisi un style charnel et terre à terre, le plus éloigné qui soit de l’épopée ou du lyrisme : une femme raconte son accouchement, ses désirs et ses plaisirs. La vie apparaît dans son quotidien, dans ses images les moins idéales.

Au fond, c’est bien cela qui charme : que Bernard-Henri Lévy, descendu du piédestal des penseurs, joue le jeu des vrais romanciers, au corps à corps avec les réalités. Il s’essaie même à des styles différents : le journal intime, l’interview, la lettre, la confession, qui sont autant de vérités d’un seul héros. Rien ne le décourage. Un livre à transporter absolument tous les week-ends à la campagne : à la fois chic et choc pour animer les après-midis d’automne.


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