C’est un gros hélicoptère de transport de troupes, datant de l’ère soviétique. Il vole bas, presque en rase-mottes, le nez piquant vers le sol, pour éviter les radars russes. Et c’est au bout de deux heures, après avoir survolé un paysage de terres lisses, de lacs gelés et de villages en ruine émergeant peu à peu de la nuit, que nous sommes arrivés à Marioupol. C’est là que l’état-major ukrainien a organisé, au quartier général de la Navy Guard, notre première rencontre avec les commandants qui tiennent tête, depuis cinq ans, aux séparatistes prorusses du Donbass. Mais je n’ai pas attendu leur briefing. Et j’ai à peine eu besoin des images satellitaires montrant les trois croiseurs russes bloquant, au mépris de la loi internationale, le passage entre la mer d’Azov et la mer Noire pour constater l’état des choses. Le marché aux poissons du centre-ville, presque vide… Les magasins de l’avenue Lénine, mal achalandés… Les énormes hauts-fourneaux de l’usine Azovstal tournant à mi-régime et dégageant des nuages de fumée noire et sale, mais étonnamment maigre… Il y a là l’une des plus grandes villes d’Ukraine. Elle fournissait, avant cette guerre, près de 10 % du PIB du pays. Eh bien les séparatistes, faute de la soumettre, l’ont mise sous blocus et sont en train de l’asphyxier.

Shyrokyne fut, à 11 kilomètres à l’est, la station balnéaire de Marioupol. Des 2 000 résidents qu’elle comptait, il ne reste, ce matin, qu’un couple d’ex-hôteliers venu, sous protection d’une unité de la Garde nationale, fleurir la tombe d’un père enterré, l’an dernier, à la va-vite, dans le jardin familial. Et, des élégantes maisons des rues Shapotika et Pouchkine, il ne demeure que des amas de décombres assez semblables à ceux que laissaient derrière eux, en Irak et en Syrie, les artificiers de Daech.

Shyrokyne, insiste Marta Shturma, la jeune lieutenante qui fera office d’interprète pendant toute la durée de ce reportage, était une villégiature ordinaire. Il suffit de longer le front de mer, aux eaux devenues grises, pour sentir qu’elle n’avait aucune importance stratégique. Et cette église au plafond crevé, cette clinique réduite à ses piliers de béton et minée, cette école que l’on a pulvérisée à l’arme lourde et où l’on retrouve, comme après un tremblement de terre, un tableau noir arraché, des cahiers d’enfant à demi calcinés et un cartable miraculeusement épargné, on se dit que les séparatistes les ont détruites comme à plaisir. La rage d’avoir eu à piétiner, des mois durant, aux portes de Marioupol ? La vengeance urbicide de soudards qui, avant de reculer, auraient pratiqué la politique de la ville brûlée ? La joie sadique à voir les derniers habitants fuir, comme Maxime et Tatiana, les revenants de ce matin, sous un feu en enfilade ? Nous sommes en 2020, en Ukraine. Mais il faut imaginer une armée de Vandales qui, faute de prendre Le Havre, aurait réduit en cendres Honfleur ou Deauville.

Mais la guerre n’est pas finie. Et j’en aurai la preuve 90 kilomètres au nord, à Novotroitske, où s’est positionnée la 10e brigade d’assaut de montagne. Il a fallu une heure de mauvaise piste, après l’autoroute, pour arriver aux avant-postes. Et nous apprenons que, ce matin même, à 7 h 15, un soldat a été tué et un autre blessé. Nous passons la matinée là, avec le général Viktor Ganushchak et une unité de forces spéciales, à sillonner un interminable réseau de tranchées, tout en angles et en chicanes, comme les rues d’une ville enterrée. Certaines sont profondes, semblables à des galeries, étayées de planches et de rondins. D’autres sont à découvert, cachées derrière un rideau de faux lierre gris, et ne protègent que si l’on se plie en deux.

Tous les 50 mètres, un homme veille, parfois dans une casemate où chauffe un poêle à lignite qui pique les yeux, parfois derrière une meurtrière garnie de vieille paille. Le général est fier de me montrer cette ligne bien nouée de sentinelles disciplinées et qui ne se laisseront plus enfoncer comme lors des offensives éclair de 2014 et 2015. Je n’ose lui dire que, face à ces hommes harassés, les yeux gonflés d’insomnie, que l’on ne relève que tous les six mois et qui, à force de piétiner dans leur boyau de terre, ne savent plus où ils sont, j’ai l’impression d’un Verdun suspendu, gelé et terriblement archaïque…

Krasnohorivka, quelques kilomètres encore plus au nord, est presque au contact de Donetsk, la capitale de la République autoproclamée du même nom – et c’est ici, en réalité, que les deux hommes de ce matin ont été touchés. Nous avons traversé Marienka, épargnée par les combats. Nous sommes allés à l’église de la ville, intacte en haut de ses escaliers de pierre, et dont les fidèles croient que les bulbes dorés les ont protégés des pluies de bombes. Et nous avons franchi les derniers kilomètres en espaçant les véhicules de notre petite colonne car l’adversaire, là, n’est plus qu’à quelques centaines de mètres. Maxime Marchenko, le colonel de la section, dit bien « l’adversaire ». Jamais je ne l’entendrai, pas plus qu’aucun de ses homologues, dire « les séparatistes » ou « les prorusses ». Car la cause, pour lui, est entendue. Ce sont les Russes, pas les prorusses, qui lui tirent dessus. Regardez, me dit-il, en montrant les débris d’un missile Grad. Seul le Kremlin a des armes pareilles. Et venez voir encore ceci… »

Nous montons au septième étage d’un immeuble administratif transformé en QG de campagne et surélevé d’une tour de guet. Là, à la jumelle, à travers la fente ménagée en haut du mur de sacs de sable, nous distinguons les faubourgs de Donetsk, cette ville immense qui s’est longtemps appelée Stalino et qui, avec ses barres de béton, ses usines en pleine ville, ses terrils et les carcasses métalliques de son aéroport détruit, semble, à distance, un Jurassic Park du soviétisme. Et puis, à l’avant-plan, un convoi à l’arrêt de tanks Gvozdika du type de ceux qui opéraient dans la seconde guerre de Tchétchénie et dont on imagine mal, en effet, qu’ils puissent venir d’ailleurs que des arsenaux de Moscou…

Dans la zone de Myroliubivka, nous sommes encore plus au nord, mais plus loin du front. Et nous tombons sur une aire de tir où sont positionnés trois canons de 155. C’est juste un exercice d’alerte, s’empresse de préciser le commandant de la place tandis que nous voyons s’affairer, autour des bouches de feu, une vingtaine de jeunes artilleurs ukrainiens. Mais il ne peut s’empêcher d’ajouter – je résume – : « Regardez ces monstres d’acier ; regardez ces hommes habiles à charger et décharger la bête, calculer l’angle de tir, reculer, recharger, manœuvrer les culasses ; nous sommes une armée civique ; nous obéissons aux ordres de notre commandant en chef, le président Zelensky ; et nous mettons notre point d’honneur, au contraire de l’adversaire, à respecter le cessez-le-feu prévu dans les accords de Minsk ; mais je vais vous dire une chose : que change la stratégie, que l’état-major décide une contre-offensive et nous ordonne de libérer les territoires perdus de Louhansk et de Donetsk, et l’Europe verra que cette armée de citoyens est une force redoutable et capable, désormais, de terminer cette guerre. »

Et je ne peux m’empêcher, moi, de songer à ce bataillon que j’avais vu, il y a cinq ans, du temps de Petro Porochenko, dans les faubourgs de Kramatorsk que venait de ravager un bombardement. Il m’avait paru bien démuni. Bien vulnérable. J’ai en mémoire ces soldats au visage empreint d’une pâleur mortelle et si épuisés qu’ils dormaient debout, adossés au mur de la salle où le président avait improvisé une réunion d’urgence de ses commandants – l’un d’entre eux en équilibre sur ses béquilles. Quel chemin pour en arriver à l’image qui, aujourd’hui, s’impose à moi : une Ukraine debout et qui tient sur les épaules de ses quelques dizaines de milliers de soldats de l’an VI !

Pisky, toujours plus au nord mais, de nouveau, à portée de Donetsk, est complètement détruite et minée. Nous avons dû y entrer à pied, bien à la queue leu leu, derrière la patrouille venue nous récupérer. Pas un immeuble debout. Des pavillons explosés dont on a condamné les fenêtres, désormais aveugles, par des planches clouées en croix. Des rues aux airs de terrains vagues où l’herbe morte le dispute à la neige fraîche. Plus d’eau. Plus de poteaux électriques ni d’égouts.

Des quelques milliers d’âmes que comptait l’agglomération avant ce déchaînement de folie, il ne resterait que trois familles terrées dans leurs caves. Et encore ! Le chef de la patrouille ne les a plus vues depuis des semaines ! Et peut-être, s’exclame-t-il en riant et en feignant de compter sur ses doigts, n’y a-t-il plus de vivant, dans ce paysage de fin du monde, que lui ; les snipers russes infiltrés qui, dès la nuit tombée, tirent aux infrarouges ; et ses quelques dizaines d’hommes enterrés, avec leurs mitrailleuses, dans la terre et la glace ! Mais même eux, en vérité, nous demeureront invisibles. Même lui, le commandant à l’humour noir, nous paraît pris dans l’irréalité du lieu. Et même Marta Shturma, l’interprète, a, pour la première fois, une voix grêle, un peu étranglée, dont l’écho paraît vibrer, plus longtemps que de raison, dans l’air froid. On entend des cris d’éperviers dans le lointain. On croise un chien maigre qui lèche le bord d’un puits de pierre. Un autre, échoué sur un tas de détritus, les pattes raides. Pisky est une ville fantôme. Hommes et bêtes y semblent des spectres. Rien ne m’aura plus terrifié que ce paysage éventré, sans vie, où l’on marche au milieu d’ombres blêmes et engourdies.

J’ignore ce qui m’a pris. D’autant que cette guerre, qui a déjà fait 13 000 morts, auxquels s’ajoute, chaque semaine, malgré le gel officiel des combats, une moyenne de dix nouvelles victimes, n’en est plus à un cadavre près. Mais je me suis réveillé, ce matin, avec l’irrépressible volonté d’en savoir davantage sur le mort et le blessé de Krasnohorivka, avant-hier, 7 h 15, avant notre arrivée. Cap, donc, sur l’hôpital de campagne de Pokrovsk où ils ont été évacués. Le premier, Yevhen Shchurenko, est à la morgue, la tête explosée, revêtu d’un uniforme neuf qui lui donne un air de martyr. Le second est dans une chambre commune, avec cinq autres victimes, civiles et militaires, des tirs de la semaine. Il y a, dans le lit d’en face, un adolescent qui râle doucement, comme s’il cherchait à économiser sa douleur. Un autre, étrangement agité, de la bave de sang aux lèvres, le médecin chef dit qu’une canonnade l’a rendu fou.

Quant à lui, celui que nous sommes venus voir, il est d’abord mutique. Il a le regard fiévreux et absent de ceux pour qui rien ne compte que d’avoir un peu moins mal. Et puis il change d’avis. Et, prenant appui sur la ridelle du lit, écartant délicatement le drap pour montrer ses pansements à l’abdomen et à la cuisse, il raconte d’une voix faible mais ferme deux choses. Comment il a été touché par des éclats d’obus à l’instant où, après les corvées du matin, il se glissait dans sa tranchée pour rejoindre son poste. Et qu’il avait eu trop confiance dans ces patrouilles européennes dont on dit, dans la zone, qu’elles sont là pour garantir le cessez-le-feu… Me revient alors que nous avons vu deux voitures blanches de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, arriver, ce matin-là, deux heures plus tard, à 10 h 30, alors que nous nous apprêtions à remonter dans notre véhicule, non loin du lieu du tir… Et me revient la remarque goguenarde d’un officier lançant, à la cantonade, que ces « guignols », qui arrivaient comme les carabiniers, auraient dû être là depuis l’aube… Un lien entre ceci et cela ? Entre ce retard et ce drame ? Et est-ce pour le vérifier que je suis venu ? Peut-être.

Stanytsia Luhanska est la position la plus au nord de la ligne de front. Et il y a là le dernier des points de passage que les belligérants ont aménagés entre Ukrainiens des deux bords. Formellement, c’est un corridor coupé en deux par un grillage d’acier et contrôlé à chaque bout par une sorte de douane, séparatiste à l’est, loyaliste à l’ouest. Sauf qu’un détail saute aux yeux. Il n’y a quasi personne, à cette heure, pour faire le chemin vers la zone séparatiste. Alors qu’il y a, dans le sens inverse, des files interminables de babouchkas à cabas, de petits vieux poussés sur des chaises roulantes ou de jeunes qui ont pris la queue avant l’aube. Et, lorsque j’interroge, on me dit ceci. L’Ukraine, qui voit les habitants de Louhansk et de Donetsk comme des otages des séparatistes et de Poutine, continue de leur reconnaître leurs droits et donc de payer leur pension. Les Républiques séparatistes étant considérées, en revanche, comme des administrations fantoches, ces milliers de pauvres gens doivent retirer leur argent aux distributeurs des banques de l’Ukraine loyaliste.

Et puis le vert paradis poutinien étant, par ailleurs, assez conforme à l’image de Jurassic Park que j’en avais depuis la tour de guet de Krasnohorivka, les magasins y sont vides et c’est encore en Ukraine libre que ces gens vont dépenser leurs maigres retraits et s’approvisionner pour le mois en denrées de première nécessité… J’ai peine à comprendre, à vrai dire, comment ils ne décident pas, une bonne fois, de s’épargner ces allers et retours éprouvants et de s’installer du bon côté. Et l’idée me vient qu’il y a peut-être, dans l’acceptation de ce calvaire hebdomadaire, la version poutinisée de la vieille servitude volontaire soviétique. Mais qui, dans cette guerre, est l’otage de qui – voilà une question qu’on n’a plus le droit de poser quand on a vu ces colonnes de migrants de l’intérieur pour qui s’entrouvrent ainsi, à jour et heure fixes, les grilles de leur prison « séparatiste »…

A Zolote, au contact de Louhansk, c’est de nouveau les tranchées. Plus frustes qu’à Novotroitske, avec leurs assemblages de simples planches plantées dans la terre noire. Mais plus impressionnantes, à cause de ces grands chiens qui semblent en garder les entrées comme autant de Cerbère les portes de l’enfer de la guerre. Et à cause, surtout, de ces Rambo suréquipés, le visage couleur de terre, ou tatoué, ou cagoulé, qui y montent la garde tous les dix mètres et qui semblent, cette fois, des professionnels à l’affût. Serait-ce les hommes des bataillons Azov et Aïdar, réputés pour leur vaillance en même temps que pour avoir servi de repaire, dès 2014, à des ultranationalistes, voire à des néonazis ? Même pas. Car j’ai vu le commandant du premier, Denis Prokopenko, mais à Marioupol, à l’entraînement. J’ai vu le commandant du second, Oleksiander Yakovenko, mais à Kiev, où ses 760 hommes étaient « en rotation ».

Et l’idée m’a même effleuré, pour tout dire, que la nouvelle armée ukrainienne, patriotique et massivement républicaine, était en train de débrancher en douceur ses éléments extrémistes… Non. Ces hommes en tenue de camouflage, gonflés à bloc, plus jeunes que ceux que j’ai vus jusqu’ici et visiblement plus reposés, ces as du combat rapproché, certains sac à terre, d’autres sacs au dos, dont on m’apprend que le président Zelensky est venu les inspecter, ces commandos hypnotisés, chacun derrière sa meurtrière de bois, par la ligne de terre brune, face à nous, qui indique la position adverse, c’est une des tranchées défensives de l’armée nationale – mais on sent bien qu’elle pourrait, sur l’heure, comme l’aire de tir de Myroliubivka, se muer en base d’attaque. Le fera-t-elle ? L’Ukraine fera-t-elle le choix de récupérer par la force son Alsace et sa Lorraine ? Les échangera-t-elle, un jour, contre une Crimée dont je la soupçonne d’avoir, comme les Européens, fait parfois le deuil en secret ? Je ne sais pas.

Avec le président Zelensky, nous sommes, à Kiev, dans le même bureau, hyper kitsch, où je suis venu si souvent du temps de Petro Porochenko. Il a choisi, autour de la table de faux marbre ronde, la place que prenait chaque fois son prédécesseur. Il a montré à Andrey Yermak, son conseiller, celle qu’occupait, chaque fois, le sherpa du moment. Et il nous a invités à nous asseoir, avec Gilles Hertzog, à nos places pour ainsi dire habituelles. De là un sentiment de temps retrouvé et décalé. De là, tandis qu’il examine, rêveur, les photos de son armée que nous avons tirées pour lui, la surimpression de la silhouette massive de Porochenko et de son corps de teenager devenu président. Etait-il taillé pour le rôle ? Un Coluche peut-il se muer en commandant en chef d’une armée en guerre ? Et est-il davantage que cet acteur de sitcom dont l’élection parut, à presque tous, comme un sommet de la société du spectacle ? Je le vois reconnaître, sur chacune de nos images, le front où elle a été prise et, parfois, l’officier. Je l’écoute s’inquiéter de l’affaiblissement d’une Union européenne minée par ses indulgences avec Poutine et se réjouir, en même temps, de la force du lien avec la France d’Emmanuel Macron. J’observe son art de la langue de bois pour évoquer la mauvaise pastorale américaine dont il a été, à cause d’un échange téléphonique avec Trump, le déclencheur involontaire. Et je me dis qu’il ne s’en tire, tout compte fait, pas si mal…

Trois fois, peut-être pour botter en touche, il répétera qu’il se sent juste « normal » et qu’il n’y a rien que de très « normal » à répondre à des questions sur l’état présent de l’esprit du petit Juif de Kryvyï Rih devenu vedette de télévision et, dorénavant, président de cette terre de pogroms et de sang que fut aussi l’Ukraine. Veut-il dire qu’il s’est normalisé en entrant dans le club de la chefferie d’Etat mondiale ? Ou, au contraire, qu’il est resté le même homme normal qu’il était, lors de notre première rencontre, peu avant sa stupéfiante élection ? Cela n’a pas beaucoup d’importance. Car domine, dans les deux cas, une solidité narquoise et tranquille à laquelle je ne m’attendais pas et qui fait que l’on se dit : l’Histoire universelle aurait pu choisir pire champion pour s’opposer à Poutine et défendre, face à son impérialisme « eurasiatique », les couleurs et valeurs de l’Europe ; et, quant à nous, Occidentaux insoucieux, cette guerre oubliée d’Ukraine, sa tragédie au goutte-à-goutte et, de ce côté-ci des 500 kilomètres du front, ses braves qui, deux heures avant minuit, continuent de monter la garde, devraient être notre remords.


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