Sous le titre « L’honneur des musulmans », Bernard- Henri Lévy a porté de graves accusations contre le Bloc identitaire, déclaré comme parti politique (Journal officiel du 24 octobre 2009) et exerçant à ce titre son activité dans le cadre de l’article 4 de la Constitution française de 1958, qui impose de « respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie ».

Le Bloc identitaire – qui n’est donc pas un « groupuscule » – ne peut en aucun cas être qualifié de « néonazi ». Le Bloc identitaire condamne, sans aucune ambiguïté, l’ensemble des principes fondateurs du nazisme, à commencer par le totalitarisme et l’antisémitisme. Il suffit de se rendre sur notre site pour connaître nos positions politiques, par exemple notre refus des « nationalismes exaltés des XIXe et XXe siècles [qui] ont entraîné les nations d’Europe dans des conflits atroces », ou notre souhait de faire évoluer les institutions françaises vers plus de démocratie directe sur le modèle suisse.

Il est également faux d’affirmer que le Bloc identitaire « s’était rendu célèbre, le 14 juillet 2002, en tentant d’assassiner Jacques Chirac », ne serait-ce que parce que le Bloc identitaire n’existait pas à l’époque ! La déclaration de constitution du Bloc identitaire est parue au Journal officiel du 24 mai 2003, soit neuf mois après les faits évoqués.

Je regrette d’autant plus ces allégations que toutes ces informations sont publiques et que M. Bernard-Henri Lévy n’a jamais pris contact avec nous.

J’émets toutes réserves quant aux suites judiciaires que je compte donner à cet article.

Fabrice Robert, Président du bloc identitaire.

Puisque la loi exige que la réponse de M. Robert soit publiée à l’endroit même où il estime avoir été « gravement accusé », je n’ai pas d’autre choix que de lui répondre, à mon tour, à la même place. Dommage pour les lecteurs du bloc-notes, qui étaient en droit d’attendre, cette semaine, des réflexions plus « actuelles » (Côte d’Ivoire, répression meurtrière en Tunisie et en Algérie, mort de nos otages au Niger, tentative de meurtre de Gabrielle Giffords, la députée juive de l’Arizona…). Mais c’est ainsi.

1. Dire que le Bloc identitaire « n’existait pas » quand Maxime Brunerie tenta, en plein défilé du 14 Juillet 2002, d’assassiner Jacques Chirac, c’est se moquer du monde puisqu’il est précisément né de cet attentat et de l’interdiction subséquente de l’organisation, Unité radicale, dont le signataire de ce droit de réponse était un porte-parole et à laquelle, quoi qu’il en dise, appartenait Brunerie : grand classique de l’ultradroite, qui a toujours su, en cas de pépin, tourner les interdictions et, sous un nouveau nom, renaître de ses mauvaises cendres – « on prend les mêmes et on recommence » .

2. Arguer de son refus des « nationalismes exaltés » pour tenter de convaincre que l’on a rompu avec l’ancien logiciel, c’est prendre les lecteurs pour des crétins ou, en tout cas, des ignorants : il y a des fascismes qui croient à la nation et il y en a qui n’y croient pas ; il y a une extrême droite qui voit dans la nation le bon creuset de la bonne communauté et il y en a toujours eu une autre (cf. Genève ou Moscou, de Drieu la Rochelle) qui pense que le juste creuset est, plutôt, celui de l’Europe ; la question, autrement dit, n’a jamais été, pour ces gens, celle de la Nation mais de l’Identité et du meilleur moyen, Nation ou pas, de la préserver, renforcer et, dans le cas du Bloc, purifier de ses miasmes ennemis – nier cela est enfantin.

3. Prétendre que ce groupuscule (pardon, ce parti !) aurait rompu avec les pratiques glauques de l’extrême droite traditionnelle est une autre plaisanterie pour qui a en mémoire ne serait-ce que deux événements récents : la manifestation, à Paris, le 23 octobre, de « jeunesses identitaires » encadrées par des militants du GUD et scandant d’élégants « Ici, c’est Paris, pas l’Algérie » et « Les jeunes au pouvoir, les vieux à l’abattoir » ; ou, dans l’obscure affaire d’un retraité en détention pour avoir tiré sur deux cambrioleuses, la collaboration avec le CEPE, ce « comité d’entraide » voué au « soutien moral et matériel » des « prisonniers d’extrême droite » et dont le stand, à Orange, lors de l’avant-dernière convention du Bloc, vendait des cartes postales à l’effigie de Pétain, de Brasillach ou d’un Waffen SS français – on feignit de le regretter, mais un peu tard !

4. Que le Bloc identitaire ait « changé » et exerce « son activité » dans « le cadre » de « la Constitution » est une information intéressante, mais qui a sûrement dû échapper à ceux de ses dirigeants qui ont invité, à sa dernière convention, des représentants de partis où l’on en est encore à écrire (Roland Pirard, au Vlaams Belang flamand) la « véritable histoire » d’un « phénomène hitlérien » plus « complexe » qu’on ne l’a dit ou dont les ténors (le député européen FPÖ Andreas Mölzer, qui fit faux bond mais fut convié) ont été condamnés pour diffusion d’idées national- socialistes – respect de la démocratie et de l’idéal républicain, vraiment ?

5. Et quant à l’antisémitisme enfin, deux remarques. Il n’a jamais été le seul marqueur, d’abord, permettant de juger de ces affaires (dire à tous les musulmans de France, comme l’a fait M. Robert lors des Assises sur l’islamisation, qu’on est, « comme à Poitiers », en guerre totale avec eux, ne me semble pas moins grave). Et je note par ailleurs que, dans son texte du 6 septembre 2010 intitulé « Retour sur un parcours politique personnel » , l’ex-« rebelle blanc » (délicat euphémisme pour dire skinhead) et ex-négationniste (fier d’avoir « eu le privilège » , sic, d’être « le deuxième condamné » sur « le fondement de la loi Gayssot » ) nous explique qu’il « assume totalement » son passé, qu’il est fier de la « constance » de son « engagement » et que cette « période » de sa vie restera « à jamais gravée » en lui car il y a « découvert l’esprit de camaraderie, le courage, la détermination » – dont acte ; j’arrête là ; car tout cela commence à devenir franchement nauséabond.


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