Quelques jours après la provocation misérable, en pleine commémoration de la rafle du Vél’d’Hiv, de la patronne du groupe LFI à l’Assemblée, Mme Panot, ce sont 38 de ses collègues de la Nupes qui en ont rajouté dans l’abjection.
Le projet de résolution qu’ils envisageaient de présenter devait être bien crapoteux pour qu’il ait disparu du site de l’Assemblée.
Mais les agences en ont donné assez d’extraits pour que l’on sache qu’il s’agissait d’une attaque d’une violence inouïe contre le « régime d’apartheid » censé être imposé par Israël au « peuple palestinien » et qu’on en appelait à des rétorsions du type BDS (Boycott, Divestment and Sanctions).
On notera d’abord que cet appel au boycott est illégal : circulaires Alliot-Marie du 12 février 2010 et Mercier du 15 mai 2012… confirmation, le 20 octobre 2020, par une dépêche consacrée à la « répression des appels discriminatoires au boycott des produits israéliens »…
On notera que la délégitimation de l’État d’Israël n’est pas très légale non plus : ne va-t-elle pas contre une résolution du 3 décembre 2019 qui, reprenant la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, incriminait aussi l’antisionisme ?
Et on observera donc que nous avons, en France, 38 élus en charge de légiférer dont l’une des premières initiatives aura été de se mettre, à double titre, hors la loi.
La volonté d’anéantir Israël ne manque, hélas, pas d’avocats. Mais on n’était, en cette enceinte, jamais allé si loin : reconnaître sans délai un État palestinien d’un seul tenant ? en clair, cela veut dire qu’on y inclut tout ce qui se tient entre Gaza et la Cisjordanie – et donc, si les mots ont un sens, le territoire même d’Israël…
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On constatera ensuite la poussée d’un antisémitisme de gauche totalement décomplexé.
Ce fut un courant fort, au début du XXe siècle, au sein du jeune Parti socialiste : n’était-il pas fréquent, alors, chez les amis de Jules Guesde, de se dire « républicain, socialiste et antisémite » ? de fustiger, avec Drumont, « les youtres de la finance et de la politique » ? et Jaurès lui-même ne fut-il pas capable d’écrire, avant le procès Dreyfus, que « la race juive » est « dévorée par une sorte de fièvre du gain » et qu’il appartient aux socialistes de « vieille race catholique » de « briser » ce « mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d’extorsion » ?
C’est un courant qui resurgit, au pic des années 1930, dans les rangs de la gauche pacifiste : le socialiste Fernand Bouisson accusant Mandel de vouloir la guerre « comme tous les Juifs »… le radical Yvon Delbos, ministre des Affaires étrangères du Front populaire, expliquant que « les Juifs chassés de partout cherchent leur salut dans une guerre mondiale »… ou le patron du Parti, Paul Faure, s’indignant contre Blum « prêt à nous faire tuer pour les Juifs »…
Ces textes sont cités par Michel Dreyfus dans deux études, l’une parue en 2009 aux Presses universitaires de Rennes, et l’autre, en 2010, consultable sur Cairn.info.
Il faut croire que cette troisième crise, aujourd’hui, de la conscience libérale et démocratique éclate dans une France qui n’a rien appris, rien oublié. De Mélenchon insultant le Crif , défilant avec des islamistes qui hurlent « mort aux Juifs » ou accusant tel grand rabbin d’avoir eu la peau d’un gouvernement ami, on dit qu’il se « corbynise ». Oui et non. Il est surtout fidèle à cette part sombre dont les plus lucides des militants de gauche savent qu’elle hante la mémoire de leurs partis et qu’il faut, non la flatter, mais l’exorciser.
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Et puis aux femmes et hommes de bonne volonté qui n’y comprennent plus rien et posent la question : « qu’en est-il, au juste, du sort des Palestiniens en Israël ? », on fera remarquer ceci.
Des territoires occupés lors de la guerre de 1967 il en est déjà un, Gaza, où l’accusation d’apartheid est grotesque puisqu’il est vide de Juifs depuis la décision d’Ariel Sharon, en 2005, de s’en retirer.
Dans l’autre, la Cisjordanie, il faut beaucoup de mauvaise foi, ou de bêtise, ou les deux, pour confondre lutte contre le terrorisme et ségrégation.
Et quant à Israël proprement dit, celui dont la résolution déclare qu’il est, « depuis 1948 », régi par « un seul groupe racial », il faut inlassablement rappeler que c’est un pays multiethnique et pluriconfessionnel où deux millions d’Arabes, musulmans comme chrétiens, jouissent des mêmes droits économiques, sociaux, politiques que leurs concitoyens juifs ; il faut dire et répéter que c’est une démocratie parlementaire où cette minorité arabe est représentée à la Knesset par plusieurs partis dont l’un, le Raam, se trouve être, à cet instant, en position de faiseur de roi, arbitrant entre le centriste Lapid et son opposant Netanyahou ; et on retiendra enfin que c’est un État de droit où il n’y a pas une construction, un arrachage d’olivier centenaire ou un soupçon de discrimination qui ne soient susceptibles d’être portés devant une Cour suprême où un juge sur cinq est arabe et dont personne de sérieux ne met en doute l’équité.
Les preuves de cela sont innombrables. J’y reviendrai si nécessaire. Le « socialisme des imbéciles » (August Bebel) doit impérieusement baisser la tête.
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