Le Kurdistan a vu sa population se prononcer à plus de 92% en faveur de son indépendance face à l’État irakien lors d’un vote historique le 25 septembre dernier. Vendredi en fin de journée, tous les vols ont été coupés de et à destination des aéroports kurdes d’Erbil et de Souleimaniyeh par les autorités de Bagdad. Ce blocus est toujours en vigueur à ce jour, alors que des manœuvres militaires irano-irakiennes communes ont pu être observées avant-hier, le long de la frontière avec la région kurde. Une seule autre nation s’est prononcée ouvertement en faveur d’un Kurdistan indépendant : Israël.

C’est dans ce contexte que Bernard-Henri Lévy était, avant-hier, au Jewish Heritage Museum, qui est, dans le bas de la ville de New York, l’un des lieux juifs américains les plus illustres. Ce dernier y présentait son documentaire de guerre, Peshmerga, tourné entre juillet et décembre 2015, le long des mille kilomètres de la ligne de front qui séparent le Kurdistan de l’État islamique.

Au regard de l’atmosphère géopolitique actuelle, cette projection revêtait une signification toute particulière : une manière, pour la communauté juive new yorkaise, d’affirmer sa solidarité avec les 8 millions de Kurdes irakiens assiégés depuis quelques jours par quatre États (l’Irak, l’Iran, la Turquie et la Syrie) forts de 200 millions d’ennemis potentiels.

BHL, après la projection, a souhaité souligner les similitudes de la situation avec celle d’Israël, en 1948, assailli par ses voisins.

La séance avait lieu dans un climat sécuritaire à très haute tension. En effet, la chaîne de télévision NBC avait fait état dans la matinée de menaces émises par Daesh à l’encontre de l’événement. Le site du journal Forward avait repris la nouvelle dans l’après-midi avant de se voir relayé lui-même par moults médias juifs et non-juifs américains, ainsi que par Haaretz ou encore le Jerusalem Post. Cette menace s’inscrivant dans un immédiat « après » l’attaque de Las Vegas, revendiquée par l’État islamique, fut visiblement prise très au sérieux par la police new yorkaise. La projection, ainsi que le rassemblement de soutien qui a suivi, se sont donc déroulés sous une protection policière rarement vue au Jewish Heritage Museum : toutes les rues d’accès bloquées, des dizaines de policiers lourdement armés patrouillant devant le bâtiment, des chiens policiers requis, avant et pendant la projection, pour détecter toute présence suspecte.

Bernard-Henri Lévy, dans son allocution d’ouverture, a remercié le musée d’avoir maintenu l’événement malgré la pression, ainsi que les 400 personnes présentes, de s’être déplacées en dépit des alertes et du vent de panique qui avait soufflé en début d’après-midi, avant que la salle n’observe une minute de silence pour les 59 morts et les centaines de blessés de la tuerie de la veille. L’émotion était palpable. L’écrivain et philosophe a pu adresser à l’assistance le salut de ses amis d’Erbil et lancé, sous les applaudissements, un hashtag #JFK, autrement dit, en langage twitter, « Jews for Kurdistan ». Il a dit également son espoir « que cette soirée puisse intensifier le sentiment de solidarité de l’opinion publique américaine envers le petit peuple kurde : la seule manière d’infléchir Donald Trump [qui n’a pour l’heure apporté aucun soutien au référendum du 25 septembre dernier, ndlr],a souligné BHL, c’est vous qui êtes ici, et hors d’ici, peuple de New York, peuple des Etats-Unis ! »


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