Jusqu’aux européennes, je disais : ni RN ni LFI, ces partis jumeaux, également poutiniens, également destructeurs de notre maison commune.

Jusqu’à hier soir, 7 juillet, second tour des législatives, je maintenais : ni Bardella ni Mélenchon, aucun de leurs programmes absurdes, démagogiques, funestes, pareillement naufrageurs des principes républicains.

Aujourd’hui, le premier est, sinon défait, du moins contenu.

Les Français, par un de ces réflexes d’intelligence politique qu’il leur arrive d’avoir aux heures critiques de leur Histoire et que je n’insulterai pas en les qualifiant de conservateurs, ont dit non au lepénisme à visage humain.

Mais c’est l’autre faction, celle de Mélenchon, qui est, selon l’expression consacrée, aux portes du pouvoir.

Et c’est elle qui, pour l’heure, incarne la principale menace pour la République, la démocratie et la France.

La première tâche consistera, dans les jours, les semaines, peut-être les mois qui viennent, à poursuivre le combat des idées.

Mes lecteurs savent combien de blocs-notes j’ai consacrés, depuis dix ans, à ce Tartarin, ce Tartuffe, ce marxiste-léniniste d’opérette qui est, d’abord, un affamé de pouvoir et a le même rapport à l’Internationale que la grenouille à son bénitier.

Et j’ai montré, dans Solitude d’Israël, la lente dérive, puis, depuis le 7 Octobre, l’accélération foudroyante qui ont fait de son parti un authentique parti antisémite.

Cela ne suffit visiblement pas.

Il faudra montrer, et montrer encore, que l’homme qui s’affiche, au soir de sa victoire, aux côtés de Rima Hassan, n’est pas Léon Blum, ni même Maurice Thorez, ni encore moins François Mitterrand, dont je suis bien placé pour savoir combien il le méprisait – mais Doriot.

Il faudra marteler que les furieux qui l’entourent et qui ne cessent de clamer leur sympathie pour les pires terroristes palestiniens et leur souverain mépris des Juifs de France, pensent comme Drumont, parlent comme Drumont – et que penser et parler comme Drumont n’est, en France, pas une opinion mais un délit.

La deuxième tâche incombe aux alliés de Mélenchon.

Olivier Faure qui, tel Éric Ciotti bradant, pour sauver sa peau et son siège, l’héritage du général de Gaulle, a bradé la mémoire de Léon Blum.

Raphaël Glucksmann, qui s’est laissé dépouiller de sa belle victoire européenne par un Raminagrobis qui se rêvait Robespierre et a laissé ses chiens le couvrir d’injures.

François Hollande lui-même qui, alors qu’il connaît comme personne la logorrhée, les trémolos, les flonflons de ce lambertiste qui est le plus roué, le plus retors, le plus cynique, le plus technique des démagogues, l’a laissé faire, à 20 h 05, sa glaçante OPA sur le scrutin.

Les écolos qui, avec leurs 33 élus, ne feront pas non plus mauvaise figure dans la nouvelle Assemblée.

Et je ne parle pas des Ruffin, Autain et autres Corbière qui découvrent, un peu tard, le renard dont ils furent les corbeaux.

Tous, l’instant de sidération passé, doivent reprendre leurs esprits.

Leur pacte électoral, bricolé à la va-vite et fondateur d’un « nouveau » Front populaire qui fut une profanation de l’ancien, était une erreur politique.

Il y avait d’autres façons de faire barrage au Rassemblement national que de s’associer avec d’autres fascistes – et c’était donc une erreur.

Maintenant que l’erreur est faite, il y aurait de la probité à dire qu’un pacte de circonstance n’est pas un programme – surtout quand l’alliance de la carpe et du lapin devient celle de la hyène et du dindon.

La troisième revient au président Macron, qui se sort plutôt bien, quoi qu’on en dise, de cette élection.

Et elle exige qu’il ne cède en aucun cas, lui non plus, à l’intimidation et au bluff.

Non, il n’est pas « obligé » de choisir un Premier ministre issu de La France insoumise.

Non, La France insoumise, avec ses 75 députés, n’est ni le premier parti français ni la seule composante d’un Nouveau Front populaire qui est très loin, lui-même, d’avoir pleine légitimité pour gouverner.

Mélenchon et les siens peuvent dire ce qu’ils veulent et tenter de faire main basse sur l’instant.

Ils peuvent croire – et ils croient sans doute – que le réel n’existe pas et n’est fait que pour être manipulé.

Le président, garant des institutions, a le devoir, lui, de tenir loin des responsabilités ce ramassis de factieux, haineux, ressentimenteux et, encore une fois, antisémites.

Ainsi, et ainsi seulement, se brisera la double machinerie du chaos.

Alors sera conjuré le spectre de ce que de Gaulle nommait la chienlit mais qui était, en ce temps-là, bien moins pestilentielle et toxique que ce qui s’annonce aujourd’hui.

Notre peuple n’a pas dit son dernier mot.

Ni ce grand art français qui s’appelle la politique.

Le moment de vérité, c’est maintenant.


Autres contenus sur ces thèmes