C’est toujours la même histoire.
Elle dure, lamentable, répétitive, imbécile, pauvre, depuis près de quarante ans.
Ils ne se sont jamais fatigués. Remettent le couvert à chaque intervention sur la scène publique, à chaque apparition dans les médias, à chaque livre, à chaque pas, presque, de Bernard-Henri Lévy, l’homme qu’ils adorent haïr.
À force, il devrait être mort et enterré depuis longtemps.
Pas de chance, il tient bon. Bataille, avec succès ou pas, sur tous les fronts de la politique, des Droits de l’Homme, des guerres immondes, des oubliés et des idées. Se fout des saloperies jetées sous ses pas. Mobilise en faveur des causes justes de l’heure un paquet d’honnêtes gens (« Ah, les naïfs ! »). Admoneste les puissants, les Monstres froids, pourfend les défaitistes.
Il continue de plus belle. Et cela les rend à chaque fois un peu plus dingues, un peu plus haineux.  De quel droit, ce mec se permet-il encore et encore de bouger, de parler haut et fort ? Faites-le taire, nom de Dieu ! Et quand il fait retraite, c’est l’inverse. N’en n’a rien à foutre, tour d’ivoire, s’en lave les mains.
Ils ont tout essayé, tout bavé. La chemise blanche, le look, l’argent, les femmes, l’influence, l’interventionnisme, la déliquescence de la Libye d’après Kadhafi, se prend pour le Ministre des Affaires étrangères, manipule les médias. Esbroufe, plagiat, ego malade, philo à deux balles, agité du bocal, résidu de 68. A gauche pour la Droite ; à droite pour la Gauche ; meilleur aliment pour Marine le Pen. J’en passe et des meilleures.
Ils viennent de ressortir l’artillerie lourde, ont enflammé le Net et ses multiples poubelles. Sa pièce, Hôtel Europe, à l’Atelier ? Un bide. S’arrête le 16 novembre (c’était prévu dès le départ). Ont prétendu avoir appelé le théâtre (qui n’a jamais été appelé). Peu importe. On vous dit que la salle est vide, meilleure façon de vous dissuader d’y aller. N’y allez pas, c’est compris, braves gens ? La technique est vieille comme le monde, la ficelle usée jusqu’à la corde. Mais à la guerre comme à la guerre !
Manque de pot, le public, que la salle soit pleine ou pas, fait chaque soir une ovation debout à Jacques Weber, seul en scène pendant deux heures ou presque. Ah, les cons ! Puisqu’on vous dit que c’est nul, deux heures à vous faire chier !
Manque de pot encore, nombre de ceux qui ont vu Hôtel Europe se mobilisent pour sa défense, pour défendre le message et l’appel à la résistance que la pièce délivre, dans ces heures noires pour l’Europe et ailleurs.
L’Europe, dont ils sont, eux, les enfants perdus, confis en ressentiment, masochistes.
Qu’ils aboient, si ça peut leur faire du bien.
Peine perdue. La caravane passe.


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