Un livre gigogne. Le premier tiers est composé de cinq poignants récits de voyages effectués dans des pays livrés depuis des années à la guerre civile : l’Angola, le Sri Lanka, le Burundi, la Colombie, le Sud-Soudan, dont le quotidien Le Monde avait déjà publié l’essentiel du 30 mai au 4 juin 2001.

Nul ne s’intéresse vraiment au sort des morts vivants de ces tueries absurdes, dont le sens échappe même à ceux qui les commettent. Ces reportages, très « impressionnistes » sont ponctués d’une cinquantaine d’appels de note, que le philosophe hésite à qualifier : commentaires, repentirs, excroissances, lambeaux de mémoires, gloses, ellipses, palimpsestes…

En fait, tout au long de cette descente vers l’enfer, le philosophe escorte le reporter. Fort de son expérience, Bernard-Henry Lévy pourfend tous ceux, de Hegel à Henry de Montherlant, qui ont osé exalter les diverses vertus de la guerre. Non qu’elle soit aveugle ou éclairée par la terrible lumière d’une « foi mortifère », elle est hideuse, toujours et partout.

Portées par un style très travaillé et des formules percutantes (« le kamikaze est la grimace d’un héros, l’ombre d’un martyr ») et malheureusement servies par l’actualité, ces réflexions tendent à démontrer que, comme le sexe et comme la mort, la guerre fait intégralement partie de la condition humaine.


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