C’est un travail unique, encore jamais mené en France. Au terme d’une année d’enquête, Bernard-Henri Lévy s’est fait Janus pour mieux se glisser dans la peau de deux personnages clés : la victime et le bourreau. Daniel Pearl, 38 ans, est ce journaliste juif et américain enlevé le 23 janvier 2002 à Karachi, au Pakistan, et assassiné une semaine plus tard. Qui l’a tué ? Pourquoi ? Comment ? Ce sont les questions centrales du livre de BHL. Mais c’est aussi le point de départ d’un extraordinaire enchaînement qui le pousse à s’intéresser à Omar Sheikh, l’instigateur de l’enlèvement. Ce jeune homme de 29 ans, anglais d’origine pakistanaise, est un parfait exemple d’intégration. Apparemment… Sauf qu’un jour il épouse les idées des fous de Dieu et commet l’irréparable. Pour mener à bien son enquête, Bernard-Henri Lévy a rencontré parents et amis de ces deux personnages. Il s’est rendu à plusieurs reprises au Pakistan, mais aussi en Inde, en Bosnie, à Dubaï, à Londres dans la famille de l’assassin, en Californie pour rencontrer celle de la victime. Il reconstitue heure par heure ce qui se passe dans la tête de Pearl et dans celle de ses geôliers, avant, pendant et après l’enlèvement. Il entre dans leur intimité et dévoile leur quotidien. Et surtout, reprend l’enquête de Pearl, l’homme qui en savait trop, là où il l’avait laissée. On fait alors la connaissance de sombres figures du terrorisme international impliquées dans les attentats du 11 septembre et qui, en toute quiétude, préparent la suite. Au final, Qui a tué Daniel Pearl ? (éd. Grasset) est un livre qui se lit comme un polar. Découpé en six parties, il démonte les mécanismes implacables qui ont conduit au crime. Le lecteur suit l’enquête presque jour par jour : ses avancées, ses fausses pistes, les tentatives de manipulation dont l’auteur est la victime, les témoins qui se dérobent, des archives qui disparaissent, des amis qui conseillent, des inconnus qui avertissent. L’auteur ne cache rien, et surtout pas ses propres doutes, ses hésitations ou ses instants de découragement lorsqu’il se perd dans ce labyrinthe de groupuscules musulmans. Chaque chapitre est l’occasion d’incroyables révélations sur l’Internationale du crime qui sévit dans cette région du monde. On finit ce document de 540 pages essoufflé d’avoir tant parcouru le monde et effrayé de ce que l’on a découvert. Le centre du monde terroriste n’est pas à Bagdad – n’en déplaise à George W. Bush. Mais plutôt dans un triangle infernal composé du Pakistan, de l’Afghanistan et du Yémen. La guerre en Irak à peine terminée, d’autres fronts beaucoup plus dangereux sont apparus… La guerre ne fait que commencer.


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