Demi-échec ?
Demi-succès ?
On peut discuter à perte de vue du bilan de Durban II. Pour moi, une conférence antiraciste préparée par la Libye, ouverte par l’Iran et qui se termine sur un texte dont tout le mérite est, nous dit-on, d’avoir évité l’attaque frontale contre les femmes, les juifs, les minorités sexuelles et religieuses, les libres-penseurs, les peuples indigènes, est un échec total.
Et je ne regrette donc pas d’avoir très tôt, ici même, appelé à boycotter ce qui ne pouvait être qu’une mascarade et qui, de ce point de vue et, hélas, de ce point de vue seulement, a tenu toutes ses promesses (grâces soient rendues, soit dit en passant, aux jeunes de l’UEJF qui, en interrompant, déguisés en clowns, le discours d’Ahmadinejad, ont repris au bond ce mot de mascarade et l’ont renvoyé, tel un boomerang, aux auteurs de cette pénible farce).
Reste, maintenant, l’avenir.
Reste la seule question qui vaille et qui est de savoir quand, comment et à quelles conditions pourront être réparés et l’erreur, et l’outrage : ah ! l’humiliation de l’ambassadrice du Rwanda à Genève croisée, le premier soir, devant le palais des Nations, et comprenant une nouvelle fois, comme lors de Durban I, que la conférence était prise en otage par des gens bien décidés à ce que rien ne fût dit du terrifiant martyre de son peuple ! le désespoir de ces Burundais, Angolais, Sri Lankais et autres représentants des intouchables indiens ou de la minorité chrétienne des îles Moluques qui ont dû se résoudre à ce que leur souffrance passe aux pertes et profits d’un débat dont on avait décrété : « ou bien il tournera autour de la question de l’islamophobie, du délit de blasphème ou du caractère raciste du sionisme, ou bien il n’y aura pas de débat du tout » ! ces millions, que dis-je ? ces dizaines de millions de victimes, qui auraient dû être le cœur battant d’un sommet voué à pourfendre, partout dans le monde, les atteintes aux droits de l’homme mais qui se sont vu signifier, tels les Darfouris : « vous n’êtes ni juifs ni palestiniens ? votre malheur ne doit rien à cet État criminel qu’est Israël ni, accessoirement, au Grand Satan américain qui est son allié ? eh bien, dans ce cas, circulez ! il n’y a rien à voir dans votre histoire ! vous n’existez pas, littéralement pas, aux yeux des brillants idéologues que les Nations unies ont chargés de préparer l’événement ! »
J’en vois une au moins, de condition, pour que le scandale, non seulement ne se reproduise plus, mais soit un jour réparé.
Il y faudra du temps, naturellement.
Il y faudra des hommes, et des femmes, d’une autre trempe que M. Ban Ki-moon.
Il faudra, aussi, que les démocraties ne se contentent pas d’avoir, comme elles le claironnent, « évité le pire » et osent porter haut, sans réticence ni mauvaise conscience, l’étendard de leurs propres valeurs.
Mais la vérité est qu’il y a un préalable à tout cela auquel il faudrait, pour bien faire, songer d’extrême urgence.
Et ce préalable, c’est la refonte du Conseil dit des droits de l’homme qui a passé des années à programmer ce ratage grotesque et dont l’absurdité des règles onusiennes a voulu qu’il fût dominé par les représentants, non seulement de la Libye et de l’Iran, mais du Pakistan, du Vietnam et de Cuba.
Il faut dissoudre le Conseil des droits de l’homme.
Il faut réinventer un Conseil doté d’un système de gouvernement qui rende impossible sa prise de contrôle, comme aujourd’hui, par des États assassins.
Il faut inventer une procédure simple qui, de même qu’on prive temporairement de ses droits civiques un citoyen qui s’est rendu coupable d’un acte de délinquance majeur, permettra d’en exclure, jusqu’à ce qu’ils changent de régime, les États voyous, dictatoriaux, génocidaires.
C’est à ce prix que naîtra peut-être enfin, à l’échelle internationale, une politique des droits de l’homme digne de ce nom et venant au secours de toutes les victimes sans exception.
C’est de cette façon que s’organisera peut-être un jour la vraie grande conférence antiraciste vouée au sort de ce peuple immense de morts, ou de morts en sursis, qu’occultent, effacent de nos radars, font taire, les tenants d’un « grand récit » qui, au pays des damnés de le terre, ne veut plus voir qu’une tête – antisioniste de toute façon et, si possible, islamiste.
Reprenons le beau mot d’antiracisme aux canailles qui s’en sont emparées.
Rendons son sens à un combat antiraciste qui n’a aucune raison, vraiment aucune, d’être abandonné aux amis du raciste Ahmadinejad ou aux marchands d’esclaves de Khartoum.
Pour l’honneur et le salut de ce qui reste du Rwanda et du Darfour, en solidarité avec les homosexuels pendus à Téhéran ou enfermés à Cuba, pour l’amour des jeunes mariées brûlées vives au Pakistan, encagées en Afghanistan ou lapidées dans tel ou tel émirat arabe, parce que rien n’est plus odieux, en un mot, que le deux poids et deux mesures en matière de droits de l’homme, oublions Durban II et préparons, très vite, Genève III.
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