Il avait une voix rieuse qui m’apparaît, ce matin, orangée. Ironique. Distanciée. Un peu acide. Avec cette diction musicale, généreuse et, en même temps, retenue, sans rien en elle « qui pèse ou qui pose », comme disait Verlaine du vers impair. Tesson l’impair. Tesson le singulier. Tesson insoluble dans quelque collectif que ce soit – jusques et y compris les journaux qu’il dirigeait. Tesson était un trublion. Le mot sonne aujourd’hui désuet. Mais Philippe fut un intempestif dans le Paris de zombies doxiques où il a régné pendant trois quarts de siècle et où la respectabilité se mesurait à la docilité aux pouvoirs et convenances. Car Tesson était désobéissant. Il avait le goût, la passion, de la désobéissance. Pas la désobéissance…
L’allure de Tesson
Article paru dans Le Point, 16 février 2023
Le philosophe rend hommage au « trublion » Philippe Tesson, qu’il rencontra dès 1969 et qui, le premier, lui donna une accréditation de presse.
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