Il avait une voix rieuse qui m’apparaît, ce matin, orangée. Ironique. Distanciée. Un peu acide. Avec cette diction musicale, généreuse et, en même temps, retenue, sans rien en elle « qui pèse ou qui pose », comme disait Verlaine du vers impair. Tesson l’impair. Tesson le singulier. Tesson insoluble dans quelque collectif que ce soit – jusques et y compris les journaux qu’il dirigeait. Tesson était un trublion. Le mot sonne aujourd’hui désuet. Mais Philippe fut un intempestif dans le Paris de zombies doxiques où il a régné pendant trois quarts de siècle et où la respectabilité se mesurait à la docilité aux pouvoirs et convenances. Car Tesson était désobéissant. Il avait le goût, la passion, de la désobéissance. Pas la désobéissance…


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