« Il reste encore quelques places au paradis… », note Bernard-Henri Lévy en désignant le dernier balcon du Théâtre Antoine à Paris. 19 h 30 ce lundi. Une soirée baptisée « L’Europe contre l’antisémitisme » va commencer. Le théâtre, 800 sièges, est bondé, et protégé par un déploiement massif de forces de l’ordre. Les anciens ministres Manuel Valls et Jean-Michel Blanquer, la maire Anne Hidalgo, l’acteur Yvan Attal, le président du Crif Yonathan Arfi ont pris place dans l’assistance, tout comme l’essayiste Caroline Fourest, dont le journal Franc-Tireur est ovationné.

La revue littéraire La Règle du jeu est à l’initiative de ce rassemblement organisé à six jours des élections européennes. Bernard-Henri Lévy, son fondateur, estime que le « plus jamais ça sur lequel fut fondée, il y a 80 ans, l’Union européenne, au lendemain de la Shoah », vacille, face à la forte recrudescence, en particulier depuis le 7 octobre, des actes antisémites. De cette « menace existentielle pour l’Europe », « les grandes listes républicaines pour les élections » se sont trop peu saisies à ses yeux. « La France Insoumise, certes, en parle, mais en incendiaire des esprits, en mettant le feu aux âmes ! », tonne-t-il.

« Faute morale »

« Nul ne nie les souffrances des Palestiniens, mais tous ceux qui soufflent sur les braises en désignant les Juifs comme coupables ne recherchent pas la paix. Le juif n’est plus ‘‘déicide’’ : le voici ‘‘génocidaire’’, lui qui fut victime du plus grand génocide de l’histoire », se désole Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.

« On peut être en désaccord avec la politique du gouvernement israélien, c’est mon cas, mais accuser l’État agressé d’être l’agresseur est une faute morale », regrette Gérard Larcher, président du Sénat, pourfendant « un nouvel antisémitisme puisant à deux sources, l’ultragauche et l’islam radical ».

Christine Angot prend ensuite la parole, en écrivaine, attentive aux mots. Son intervention sera la plus applaudie. « Pour certains étudiants, le mot ‘‘génocide’’ est devenu synonyme de ‘‘massacre’’. Le mot ‘‘antisémitisme’’ s’est dissous dans le mot ‘’racisme’’. Mais indifférencier sous un seul mot mène à l’indifférence. »


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