Le petit monde clos des intellectuels français est vraiment étrange. Sans cesse en lutte contre lui-même, il se retrouve régulièrement en proie à un délire d’autopersécution. Et, surtout, chacun affûte ses couteaux en vue d’une éventuelle épuration de son voisin.

Pour se persuader de sa bizarrerie, il suffit de regarder, ce soir, le premier épisode de la grande série signée par Bernard-Henri Lévy, Les Aventures de la liberté.

Cette histoire subjective en quatre parties hebdomadaires, où l’on retrouve certains partis pris habituels (non, Charles Péguy n’est absolument pas ce qu’il croit !), a sa version « livre » éditée chez Grasset (voir l’interview accordée par Bernard-Henri Lévy au Figaro dans nos éditions d’hier).

Au menu de ce numéro : l’Affaire Dreyfus, qui divisa si gravement la France de 1894 à 1906 ; les cassures relatives à 1914 ; l’émergence du surréalisme, du communisme et les prémices du fascisme.

Tout dans cette émission n’est presque que bruit et fureur, espoir de régénération de l’homme moderne, cette utopie criminelle inventée par la Révolution française ; et donc parjures, excommunications mutuelles et péché contre l’esprit ; avec, dans le lot, quelques œuvres de génie.

Les Aventures de la liberté tombent à point dans le « paysage intellectuel français ». À l’heure où beaucoup de pairs de BHL proclament avec enthousiasme leur propre mort ou leur conversion à la publicité et à la mode (encore un effet de cette volonté d’anéantissement masochiste), l’histoire intellectuelle de la France intéresse d’innombrables historiens et lecteurs.

Plus de dix ouvrages sur ce sujet ont été édités ou réédités des dernières années. Par exemple : Les Non-Conformistes des années 30 (J.-L. Loubet del Bayle, Seuil), Intellectuels et Passions françaises (J.-F. Sirinelli, chez Fayard), Les Années électriques, 1880-1910 (C. Prochasson, à La Découverte), Histoire politique des intellectuels en France, 1944-1954 (A. Chebel d’Appolonia, chez Complexe) et Paris bohème, 1830-1930 (J. Seigel, chez Gallimard).

Mais seul Bernard-Henri Lévy a eu l’occasion d’écrire son histoire sur deux registres, et donc d’apporter sa vision au plus grand nombre par l’écrit et par l’audiovisuel.


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