Ses fans ne seront pas déçus, ses détracteurs non plus. La pièce de Bernard-Henri Lévy créée le 27 juin à Sarajevo et à l’affiche cet automne au Théâtre de l’Atelier est un condensé du style du philosophe : enflammé, narcissique, péremptoire, tour à tour brillant et agaçant. Hôtel Europe, drame en cinq actes, n’est pas un discours-thèse sur l’Europe. Pas tout à fait une pièce non plus, avec son côté bavard, brouillon… et évolutif (le livre de Valérie Trierweiler introduit dans la dernière mouture). Parfois on frise la leçon de géopolitique, à d’autres moments la conversation ou la divagation, voire le « one BHL show » façon Guy Bedos (quand le héros de la pièce fait un sort à nos politiques nationaux).

Un écrivain, cloîtré dans sa chambre d’hôtel à Sarajevo, a deux heures pour écrire un discours sur l’Europe à l’occasion du centenaire du déclenchement de la guerre de 1914. Lui, qui a défendu la cause bosniaque il y a vingt ans, se débat avec les fantômes d’une Europe moribonde. Exaspéré par la lâcheté des politiques (hier face aux Serbes, aujourd’hui face aux Russes), le cynisme des banquiers, la menace populiste, il essaie d’imaginer un message d’espoir. Pour cela, il revient aux sources de l’idée européenne, interroge les mythes et les penseurs.

Jacques Weber impérial

Le texte a beau être parasité par des digressions érotiques maladroites et par un recours abusif au « name-dropping », la démonstration ne manque pas de force. La fin est même émouvante. Il faut dire que Bernard-Henri Lévy a trouvé un complice de choix avec un Jacques Weber impérial. Seul en scène, le comédien porte avec superbe, le verbe européen du philosophe. La mise en scène astucieuse du bosnien Dino Mustafic (rythmée par des projections « documentaires ») contribue à faire d’Hôtel d’Europe un spectacle cohérent. Si le public en ressort avec un désir d’Europe, alors le coup de gueule théâtral de BHL n’aura pas été vain.


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