Benjamin C., né le 17 février 1942, disparu à Jérusalem en 1984. Entre ces deux dates, la traversée du siècle selon l’auteur. Et quelle traversée ! Un père collaborateur, fusillé à la Libération – vérité qu’on lui cache – un beau-père patriote, une jeunesse de blouson doré – avec fauche dans les supermarchés et jeux de gigolo. Le beau Benjamin découvre un jour le vrai visage de son père. Il ne s’en remettra pas. C’est alors l’errance à travers le siècle où il se heurte à tous les hommes, à tous les événements des trente dernières années : la guerre d’Algérie, le FLN et les « porteurs de valise », Mai 68 et Althusser, les « maos » et le travail en usine, le terrorisme à Beyrouth et la cause palestinienne, le retour en Italie avec d’autres terroristes, le meurtre d’un policier à Paris et enfin la fuite vers Jérusalem, « l’œil du cyclone », cœur de toutes les contradictions du siècle.
Le Diable en tête est le premier roman de Bernard-Henri Lévy, inventeur des « Nouveaux philosophes » et auteur à succès de cinq essais dont La Barbarie à visage humain (1977), Le Testament Dieu (1979), L’Idéologie française (1981). Adulé ou haï par le tout-Paris médiatique, Bernard-Henri Lévy n’a pas laissé à son roman le temps de parler pour lui. Radios, télévisions, presse écrite se sont précipitées sur lui comme sur le miroir aux alouettes. Ce n’est pas nécessairement rendre service à un jeune romancier certes brillant – il passe avec virtuosité du journal intime à l’interview, à la correspondance, ou au témoignage – trop brillant…
Benjamin C. apparaît plutôt comme une caricature sur laquelle Bernard-Henri Lévy plaque ses obsessions : antifasciste, présence du mal, absence de Dieu. Sans oublier l’interrogation de sa génération : comment des antifascistes peuvent-ils devenir des gauchistes totalitaires ? Beaucoup de questions, mais pas vraiment un personnage pour les incarner, dans une vraie vie. Bernard-Henri Lévy est un romancier débutant.
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