Malgré la menace terroriste proférée par l’État islamique, 500 personnes se sont rendues à une projection qui a eu lieu à guichets fermés à New York d’un film consacré aux combattants kurdes, projection qui a été suivie par un débat avec le réalisateur, le philosophe juif français Bernard-Henri Lévy.

La police a assuré une sécurité renforcée lors de la projection, lundi, de Peshmerga au Musée du patrimoine Juif.

Lévy, qui a produit un certain nombre de films réalisés dans les zones de conflit, a passé de nombreux mois à collecter des informations sur les combattants et les combattantes kurdes, les Peshmergas, qui luttent contre l’État islamique en Syrie et en Irak.

Soutien affirmé de la souveraineté kurde, Lévy s’est rendu dans la capitale d’Erbil, le mois dernier, lorsqu’une majorité de votants est allée aux urnes pour participer à un référendum controversé dont le résultat a conforté la volonté d’indépendance de la communauté.

Il a pu embarquer dans l’un des derniers vols en partance d’Erbil et il est arrivé à New York avant que le gouvernement irakien ne prenne la décision de bloquer l’espace aérien de l’enclave kurde, en sanction de la décision prise par les autorités locales du Kurdistan de mener à terme ce référendum malgré l’opposition de Bagdad.

Le département d’État avait fait connaître sa « profonde déception » face à la décision du gouvernement régional kurde, estimant que le vote pourrait « renforcer l’instabilité ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a pour sa part déclaré mercredi que l’État juif n’était d’aucune manière impliqué dans le référendum, sinon à travers la « sympathie profonde, naturelle et de longue haleine ressentie par la population israélienne pour les Kurdes et leurs aspirations ».

Le positionnement public adopté par l’État juif sur les aspirations nationales kurdes a été influencé par le désir de ne pas rajouter davantage d’aigreur aux relations actuellement tendues entre l’État juif et la Turquie.

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan, président du pays et leader du parti islamiste au pouvoir, s’oppose à l’indépendance kurde en Irak et en Turquie, un pays qui accueille une importante minorité kurde que les observateurs qualifient d’opprimée.

Lévy a expliqué à JTA qu’Israël devait épouser le soutien à un Kurdistan indépendant, une communauté dans laquelle, a-t-il dit, il a vu de nombreuses expressions de solidarité et d’admiration pour Israël, notamment durant le vote de lundi.

Même si soutenir l’indépendance des Kurdes est susceptible de compliquer les relations entretenues par Israël avec le gouvernement turc – relations qui ont décliné ces dernières années dans un contexte de déclarations hostiles de la part d’Erdogan – cet appui n’aliénera pas les millions de Trucs laïcs et libéraux, « qui reconnaissent également le droit des Kurdes » à une nation, a estimé Lévy.

Pour les Kurdes, a-t-il ajouté, la relation avec Israël « va au-delà d’une alliance. Il s’agit d’une fraternité ».

Lévy a été l’un de ces Occidentaux présents à Erbil qui ont vu des drapeaux israéliens brandis le jour du vote – un geste qui, selon lui, reflétait « une certaine admiration envers Israël » et un sentiment d’affinités ressenti par de nombreux Kurdes à l’égard de l’État juif.

« Je n’avais jamais assisté à quelque chose de semblable au Moyen-Orient – sauf en Israël », a noté Lévy, qui voyage énormément dans la région et qui s’est rendu en Libye durant la guerre civile de 2011.

Les 7 millions de Kurdes qui vivent en Iran, en Syrie et en Turquie « sont une minorité entravée, assiégée par 200 millions de personnes et par l’hostilité. Et on ne peut pas comparer leur situation à Israël, elle est différente, mais il y a des similarités et ils en ont bien conscience ».

De manière plus générale, a-t-il expliqué, un Kurdistan viable « représente le triomphe de l’islam modéré. Pour l’égalité des femmes et pour les valeurs que nous sommes nombreux en Occident – et les Juifs particulièrement – à partager avec les Kurdes ».


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