J’ai ressenti la nécessité d’écrire ce manifeste car les prochaines élections européennes, en mai, s’annoncent historiques. L’Europe, projet politique, peut définitivement se fracasser. Les populistes – mot doux pour qualifier des néofascistes – peuvent constituer un bloc important au Parlement européen. J’ai jugé qu’il fallait un geste fort de ces Européens par excellence que sont les écrivains. J’ai appelé des vieux amis avec lesquels j’ai mené, jadis, la bataille antitotalitaire. Et d’autres, que je connaissais moins, mais que j’admirais infiniment. Et tous, absolument tous, ont dit oui tout de suite et signé. Anxiété partagée. Volonté commune, chacun à sa façon, de dire cette inquiétude et de résister. C’est un début. Un bon début.
Parallèlement, je vais jouer, dans les principales capitales européennes, une pièce que j’ai écrite et que j’actualiserai au gré de l’actualité et des étapes. Ce sera ma manière d’essayer de donner un corps, une chair, au patriotisme européen que ce manifeste propose. L’histoire est née en juin, à Londres, sur la scène du Cadogan Hall, avec un texte qui s’appelait, à l’époque, Last Exit Before Brexit. Mon idée, maintenant, est de sillonner l’Europe. D’aller partout. De faire véritablement campagne dans toutes les villes d’Europe en proie à cette fièvre brune ou rouge-brune. Ce sera un monologue que je jouerai seul en scène et qui sera réécrit en fonction des grands enjeux propres à chacun des lieux où je me rendrai. Ça démarre le 5 mars à Milan, chez Salvini et Di Maio. J’irai à Gdansk, la ville de Pawel Adamowicz, le maire assassiné, et j’essaierai de faire de ce moment de théâtre un moment de deuil, de recueillement et de célébration du grand homme d’Europe qu’il était. Et ça se terminera, vingt villes plus tard, au Théâtre Antoine, à Paris, où l’enjeu sera de plaider contre notre souverainisme national, entre autres celui du gang Le Pen. Sartre disait que le théâtre est le genre politique par excellence. Je le crois aussi. Et je m’en vais prendre mon bâton de pèlerin car, là, il y a le feu
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