Vous croyez (trop) connaître BHL, Don Quichotte en chemise blanche, voici que surgit « BH », insomniaque aux nuits blanches. Animal médiatique le jour. Cerveau hyperactif la nuit. Même les héros doivent pourtant faire dodo ! Triples rideaux, infusions, relaxation, lectures soporifiques, alternance de somnifères et d’excitants – à force, Bernard-Henri est devenu un pharmacien… Tout y passe. Mais rien n’y fait ou presque. L’œil est dans la chambre et regarde BHL. En cinq chapitres digressifs et hallucinatoires, le philosophe essayiste-correspondant de guerre retranscrit son flux de conscience. En prenant bien soin de ne pas réveiller A., rêveuse dulcinée qui repose dans les bras de Morphée… En une nuit qui les résume toutes, notre intranquille passe en revue son œuvre, revit moult aventures et règle quelques comptes avec ses ennemis de tous poils. Mille et un fantômes – les snipers de Sarajevo, les braves d’Azovstal, le Maharal de Prague, Lord Byron, Baudelaire, Sartre et Althusser… – lui rendent visite. Dans un monologue sans filtre qui évoque La Chute d’Albert Camus, « BH » l’hypocondriaque confie ses angoisses, ses blessures, ses ridicules. Son père apparaît telle la statue du commandeur. De la matière à psychanalyse pour fils prodigue. Bernard-Henri, qu’as-tu fait de ta vie ? A 76 ans, celui qui a su la transformer en un rêve éveillé s’inquiète de sa postérité. Que deviendront les 45 millions de signes du journal intime qu’il dicte scrupuleusement chaque matin après un bain lustral pour « se laver de ses nuits infernales » ? C’est la pirouette finale de ce récit virevoltant, inclassable et – somme toute – attachant.