On connait le BHL combattant, militant pour la paix en Ukraine, évoquant la « barbarie à visage humain » et la « solitude d’Israël », naviguant entre deux guerres, celles des kurdes combattant pour la liberté du monde, contre les génocides oubliés au Darfour, narrant la haute figure du commandant Massoud, les combats en Bosnie et l’éclat des bombes à Sarajevo. Celui qui parle aujourd’hui est différent, se moque de sa caricature, narre ses insomnies, évoque ses nuits blanches, énonce, comme une liste à la Prévert, la pharmacopée en guerre contre le « non sommeil ». Mais ce rêveur éveillé veut-il vraiment dormir ? Lui qui transforme ses nuits blanche en acte positif, pour ne pas dire volontaire. S’il prend un somnifère, il s’endort au dehors et vexe le grand Laurent Tarzieff. Entre humour au quotidien, autodérision féconde, nervosité permanente de celui qui, selon le mot de son ami Philippe Sollers, « en a trop vu », ce BHL passionne avec la vibration d’une écriture rapide mais constamment léchée. De Duras, dont il moque les nuits blanches aux Roches de la même couleur dans sa résidence Trouville, à Netanyahou qui lui conseille de porter un pacemaker qui « battra après sa mort », le BHL des nuits blanches tombe ici le masque. Et c’est bien ce qui fait le sel et le sucre de ce texte singulier.


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