Sur le fascislamisme

Cet ennemi, non seulement le traiter comme tel, c’est-à-dire (leçon de Carl Schmitt) le voir comme une figure avec laquelle on peut, selon la tactique choisie, ruser, feindre de dialoguer, frapper sans parler, en aucun cas composer, mais surtout (leçon de saint Augustin, de saint Thomas et de tous les théoriciens de la guerre juste) lui donner, lui aussi, son nom véridique et exact. Ce nom, ce n’est pas le « terrorisme ». Ce n’est pas une dispersion de « loups solitaires » ou de « désaxés ». Et quant à l’éternelle culture de l’excuse qui nous présente ces escadrons de la mort comme des humiliés, poussés à bout par une société inique et contraints par la misère à exécuter des jeunes gens dont le seul crime est d’avoir aimé le rock, le foot ou la fraîcheur d’une nuit d’automne à la terrasse d’un café, c’est une insulte à la misère non moins qu’aux exécutés. Non. Ces hommes […] il convient de les appeler des fascistes. Mieux : des fascislamistes. Mieux : le fruit de ce croisement que voit venir un autre écrivain, Paul Claudel, quand, au fil de son Journal, en date du 21 mai 1935, dans un de ces éclairs dont seuls les très grands ont le secret, il note : « discours de Hitler ? il se crée au centre de l’Europe une espèce d’islamisme… »

Sur la bataille entre les « deux islam »

Les terres d’islam sont les seules au monde où, puisque la tourmente fasciste des années 30 y est réputée n’avoir pas franchi le périmètre de l’Europe, on s’est dispensé du travail de mémoire et de deuil qu’ont mené les Allemands, les Français, les Européens en général, les Japonais. […] Ce marquage, ce démarquage, ce tracé de la ligne le long de laquelle s’affrontent les affiliés d’un Tariq Ramadan et les amis du grand Abdelhawahb Meddeb, ce pointage de ce qui, d’un côté, peut alimenter en effet le « Viva la muerte » des nouveaux nihilistes et, de l’autre, du type de travail idéologique, textuel et spirituel qui suffirait à conjurer le retour ou l’entrée des fantômes, doit être, en priorité, l’œuvre des musulmans eux-mêmes.

Sur Obama et l’envoi de forces spéciales contre l’Etat islamique

C’est comme autrefois, à Sarajevo, c’est comme à l’époque où de supposés experts agitaient le spectre des centaines de milliers de soldats qu’il faudrait déployer au sol pour empêcher la purification ethnique d’aller au bout alors qu’il suffira, en réalité, le moment venu, d’une poignée de forces spéciales et de frappes : je suis convaincu que les hordes de Daech sont beaucoup plus braves quand il s’agit de faire sauter la cervelle de jeunes Parisiens sans défense que lorsqu’il faut affronter des vrais soldats de la liberté – et je pense donc que la communauté internationale est face à une menace dont elle a tous les moyens de venir à bout si elle le veut. Pourquoi ne le fait-elle pas ? Pourquoi mesurer si chichement notre aide à nos alliés kurdes ? Et quelle est cette étrange guerre que l’Amérique de Barack Obama ne semble, pour le moment, pas vouloir réellement gagner ? Je l’ignore. Mais je sais que la clé est là. Et que l’alternative est claire : no boots on their ground égale more blood on our ground.


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